La Gesta Hammaburgensis ecclesiae pontificum (« Histoire des archevêques de Hambourg ») est une chronique rédigée par le clerc Adam de Brême, qui l'acheva vers 1075. Elle constitue un témoignage de première importance de l'histoire et des mœurs de la Scandinavie médiévale.

De la vie d'Adam, nous ne connaissons que les indications éparses qui figurent dans son œuvre. Selon une scholie, il serait originaire du sud de l'Allemagne1, Franconie (Bamberg ?) ou Bavière. Il arrive à Brême en 1066 ou 10672, à la demande l'archevêque Adalbert. Il fit sans doute partie du chapitre cathédral de Brême3, et enseigna peut-être dans les écoles de l'archevêché4. Il meurt vers 1080.

Début de la Descriptio Insularum Aquilonis dans le Codex 521Début de la Descriptio Insularum Aquilonis dans le Codex 521 (vers 1200).
Österreichische Nationalbibliothek, Vienne.
La Gesta Hammaburgensis ecclesiae pontificum se divise en quatre livres. Les trois premiers couvrent l'histoire de l'archevêché de Hambourg-Brême, depuis la création de l'évêché de Brême en 788 jusqu'à la mort de l'archevêque Adalbert en 1072. Les deux premiers livres sont dominée par les figures de Willehad, Anschaire et Rimbert. Leurs épiscopats sont marquée par une intense activité missionnaire dans les pays slaves et scandinaves. Le livre troisième évoque le déclin de l'archevêché, provoqué par l'orgueil et l'ambition d'Adalbert, devenu archevêque en 1043 et mort en 1072. Le livre quatrième ou Description des îles du Nord est une présentation de la géographie, de l'histoire et des mœurs de la Scandinavie.

Dans son ouvrage, Adam de Brême évoque l'histoire de la Saxe et celle de ses voisins slaves et surtout scandinaves, dans la mesure où c'est à cet archevêché que fut confiée la charge de christianiser le Nord. Il est donc question, non seulement des vicissitudes de cette entreprise, mais aussi de l'histoire des royaumes scandinaves, qu'il s'agisse des rapports qu'ils entretiennent entre eux ou de leurs relations avec leurs voisins (leur implantation en Angleterre est par exemple fréquemment évoquée), des voyages des navigateurs scandinaves (il est notamment question de l'Islande, du Groenland et du Vinland) ou encore du paganisme nordique – Adam est l'auteur d'une célèbre description du temple d'Uppsala – et de la conversion au christianisme.

Temple d'Uppsala dans l'Historia de Gentibus Septentrionalibus d'Olaus MagnusLe temple d'Uppsala représenté dans l'Historia de Gentibus Septentrionalibus d'Olaus Magnus (1555) d'après la description d'Adam de Brême.Bon connaisseur des auteurs classiques comme des docteurs de l'Église, Adam s'est appuyé sur les œuvres d'historiens (Orose, Éginhard), sur les vies de saints missionnaires (Vitae Bonifatii, Willehadi, Anskarii, Rimberti...), les annales, les archives de l'archevêché de Brême (documents officiels pontificaux ou impériaux, correspondances diverses, livres de comptes), ainsi que sur des témoignages oraux, en particulier celui du roi de Danemark Svend Estridsen.

Même si elle n'est connue que par des manuscrits allemands ou danois5, la Gesta Hammaburgensis ecclesiae pontificum a exercé une influence sur toute l'historiographie scandinave médiévale. Birgit et Peter Sawyer ont écrit que « the remarkable interest in Scandinavian history exhibited in the decades after 1170 was not directly caused by Adam, but none of the historians who wrote then, nor their successors, could escape his influence6». L'œuvre d'Adam a en particulier servi de source et de modèle à l'auteur de l'Historia Norwegiae.

Le récit d'Adam est toutefois à manier avec précaution. Ses sources sont peu nombreuses concernant la période la plus ancienne. Surtout, son œuvre participe de la prétention de l'archevêché de Brême-Hambourg à exercer l'autorité ecclésiastique sur l'ensemble de la Scandinavie, et les faits sont parfois biaisés pour servir cet objectif. C'est ainsi que les rois refusant l'autorité du siège de Hambourg-Brême sont présentés sous un jour peu favorable (Svend Tveskæg ou Olav Tryggvason, par exemple)7.


1 « Scriptor huius libelli fuit ex Germania superiori » (scholie 151).
2 La vingt-quatrième année du mandat d'Adalbert (III, 4), qui fut consacré archevêque en 1043.
3 Il emploie pour se désigner le termes de « canonicus » (« chanoine »).
4 Il se désigne aussi comme « magister » (« maître »).
5 Réserve faite des extraits de la Hamborgar históría qui figurent dans deux manuscrits islandais, dont la Flateyjarbók.
6 Sawyer, Birgit ; Sawyer, Peter. Adam and the eve of Scandinavian history. In : The Perception of the past in twelfth-century Europe. Ed. by Paul Magdalino. London : Hambledon press, 1992. P. 37-51.
7 Sawyer, Birgit ; Sawyer, Peter. Medieval Scandinavia : from Conversion to Reformation, circa 800-1500. Minneapolis : University of Minnesota press, 2003. (The Nordic series ; 17). P. 222-223.
 

Traductions

  • Adam de Brême. Histoire des archevêques de Hambourg : avec une description des îles du Nord. Trad. du latin, présenté et annoté par Jean-Baptiste Brunet-Jailly. Paris : Gallimard, 1998. (L'Aube des peuples).
  • Adam of Bremen. History of the archbishops of Hamburg-Bremen. Translated with an introduction and notes by Francis J. Tschan ; with a new introduction and selected bibliography by Timothy Reuter. New York ; Chichester : Columbia University Press, 2002.