Les expéditions vikings ont amené les Scandinaves à entrer en contact avec les peuples arabo-musulmans. Plus de cinquante ouvrages de géographes, historiens ou voyageurs arabes en témoignent.

Scandinavie dans le Livre de Roger d'al-IdrīsīLe Danemark (à droite) et la péninsule scandinave (en bas) dans le Livre de Roger de Muḥammad al-Idrīsī (MS Arabe 2221, vers 1300).
Paris, Bibliothèque nationale de France.
Cette abondance s'explique par la fréquence des rencontres entre Scandinaves et Arabes, tant au sud (Espagne, Méditerranée, Afrique du Nord) qu' à l'est (le long de la Volga, autour de la mer Noir et de la mer Caspienne, et jusqu'à Bagdad), mais aussi par le fait que la période viking coïncide avec un âge d'or de la littérature arabe.

Dans ces ouvrages, les Scandinaves sont désignés sous les noms de « Rūs » (à l'est) ou d'« al-Majūs » (au sud), et parfois de « Warank » (du vieux norrois « væringjar ») ou d' « al-Urmān » (du latin « Nordmanni »).

Le premier à mentionner les Scandinaves est Ibn Khordadbeh (c. 820 – 912) qui, dans son Livre des routes et des royaumes, évoque les marchands rūs qui transportent leurs marchandises – peaux de castor et de renard, épées – sur le Don jusqu'à la mer Noire avant de gagner la mer Caspienne, et parfois Bagdad.

Les activités vikings en Espagne sont pour la première fois évoquées, encore que brièvement, par al-Yaʿḳūbī (mort en 897). Elles sont racontées plus en détail notamment par Ibn al-Qūṭiyya (mort en 977), qui fait le récit de l'attaque menée contre Séville en 844.

La géographie d'Ibn Rustah contient de nombreux détails ethnographiques sur les Rūs au début du Xe siècle, sur leurs attaques contre les Slaves pour les vendre comme esclaves, sur leurs villes, sur leurs vêtements et bijoux, sur la façon dont ils traitent leurs esclaves...

Les rites funéraires des Rūs sont connus grâce à Ibn Faḍlān. Au début des années 920, il fait partie d'une ambassade envoyée par le calife de Bagdad chez les Bulgares de la Volga et assiste aux funérailles d'un chef, dont il rend compte avec beaucoup de détails.

Al-Masʿūdī (mort en 956), l'un des principaux écrivains arabes, évoque lui aussi les Scandinaves, aussi bien les Rūs qui commercent ou s'engagent comme mercenaires auprès de l'empereur byzantin que les Majūs qui attaquent les villes espagnoles.

Le voyageur juif Ibn Yaʿqūb a laissé une description de la ville danoise de Hedeby ou Slesvig.

Ibn Miskawayh évoque la conquête par les Rūs, en 953, de la ville de Bardha'a (actuel Azerbaïdjan), puis leur défaite.

Le Kitāb Rudjār (Livre de Roger), rédigé pour le compte du roi Roger II de Sicile, par al-Idrīsī, qui l'achève en 1054, est le commentaire d'un atlas dans lequel apparaissent la Scandinavie, y compris l'Islande et les îles Féroé, ainsi que plusieurs noms de villes.

Ibn Diḥya (mort en 1235) a raconté l'histoire d'un poète andalou qui aurait été chargé, au IXe siècle, d'entreprendre une mission diplomatique auprès d'un roi des Majūs, mais l'authenticité de cet événement est très incertaine.

Ibn Khaldūn (1332-1406), le plus grand historien musulman du Moyen Âge, traite aussi des Scandinaves, tant Rūs que Majūs, évoquant notamment les expéditions de ces derniers en Espagne et en Afrique du Nord. Il rapporte aussi, comme l'avait déjà fait Ibn al-Athīr (1160-1233), la prise de Sidon par les Croisés en 1110, à laquelle prit part le roi de Norvège Sigurðr Jórsalafari.

Bibliographie

  • Perkins, Richard. Arabic sources for Scandinavia(ns). Medieval Scandinavia : an encyclopedia. Ed. by Phillip Pulsiano. New York : Garland, 1993.
  • Birkeland, Harris. Arabiske kilder til Nordens historie. Kulturhistorisk leksikon for Nordisk middelalder. Bd.1 , Abbed-Blide. København : Rosenkilde og Bagger, 1980.