La Sverris saga (« Saga de Sverrir ») est une saga royale retraçant l'existence du prétendant au trône, puis roi de Norvège, Sverrir Sigurðarson. Elle est, en tout ou partie, l'œuvre du moine Karl Jónsson, et s'appuie notamment sur le témoignage du roi lui-même.

Sverre Sigurdson, statue de Sivert Donali, TrondheimSivert Donali, Sverre Sigurdson.
Bronze, 1983.
Ilaparken, Trondheim.
La saga raconte, dans un premier temps, comment Sverrir, un prêtre élevé aux îles Féroé, fils d'un fabricant de peignes, en vint, en 1177, à prétendre à la couronne de Norvège, après que sa mère lui eut affirmé qu'il était le fils du roi Sigurðr munnr, et comment, au terme d'une succession de batailles, il vainquit, à la tête des Birkibeinar, le jarl Erlingr et son fils, le roi Magnús, pour devenir seul roi de Norvège. Il est ensuite question de son règne, de 1184 à sa mort en 1202, règne marqué par une série de conflits avec d'autres prétendants et avec l'Église et le camp des Baglar.

Le prologue indique que la première partie de la saga, appelée Grýla, a été écrite par Karl Jónsson, abbé du monastère de Þingeyrar, qui tenait la matière de son récit du roi Sverrir lui-même. La seconde partie, qualifiée dans la Flateyjarbók de Perfectam fortitudinem, est écrite d'après les récits de témoins directs. La démarcation entre les deux parties n'est pas indiquée, et la similitude de style incite à penser que Karl est l'auteur de l'une comme de l'autre.

La première partie a sans doute été rédigée pendant le séjour de Karl Jónsson en Norvège (à partir de 1185), la seconde peu après la mort de Sverrir. La Sverris saga est ainsi probablement la plus ancienne saga royale rédigée en vieux norrois.

Commencée peu après la mort de Magnús, qui fait de Sverrir le seul roi de Norvège, la saga a sans doute pour but d'asseoir sa légitimité, en démontrant son aptitude à régner et l'aide de Dieu dont il a bénéficié, qui transparaît, par exemple, au travers de plusieurs rêves prophétiques.

La saga est conservée dans quatre principaux manuscrits, le meilleur étant l'AM 327 4to, écrit vers 1300. Les autres, qui conservent un autre état du texte, sont le Flateyjarbók, l'Eirspennill et le Skálholtsbók yngsta.

Traduction

  • La saga de Sverrir, roi de Norvège : composée au XIIIe siècle par l'abbé Karl Jónsson du Monastère de Þingeyrar en Islande. Traduite, annotée et présentée par Torfi H. Tulinius. Paris : Les Belles Lettres, 2010.