Les Ases (« dieux ») sont, soit l'une des deux familles de dieux, celle incarnant les fonctions de souveraineté et de force, à laquelle appartiennent les principaux dieux – Óðinn, Þórr, Baldr..., soit l'ensemble des dieux nordiques.

La Mort de Balder, Christoffer Wilhelm Eckersberg Christoffer Wilhelm Eckersberg, La Mort de Balder.
Huile sur toile, 1817.
Det Kongelige Danske Kunstakademi, Copenhague.
Dans son Edda (Gylfaginning, ch. 20 à 32), Snorri Sturluson liste ainsi parmi les dieux Ases Óðinn, Þórr, Baldr, Njörðr, Freyr, Týr, Bragi, Heimdallr, Höðr, Víðarr, Áli ou Váli, Ullr, Forseti, Loki.

Étymologie

L'étymologie du nom « Ases » (áss en vieux norrois, æsir au pluriel ; ásynja et ásynjur au féminin) demeure incertaine.

L'hypothèse la plus fréquemment avancée le relie à l'indo-européen *ans : « souffle ». Cette étymologie renverrait au rôle créateur des dieux, qui insufflent le souffle de vie.

Áss a également été rapproché du proto-germanique *ansaz : « pieu », « poutre », en raison de l'existence des dieux-poutres, des idoles sculptées dans le bois, à qui un culte était rendu.

Dans une perspective evhémériste, Snorri Sturluson a prétendu que les Ases auraient migré d'Asie, d'où ils tireraient leur nom (Ynglinga saga, ch. 2).

Quelle que soit son origine, le nom « Ase » est ancien. Dans une inscription runique datée d'environ 200 et gravée sur la boucle de Vimose (Fionie, Danemark) figure la formule a(n)sau wija : « que l'Ase le consacre ». Le mot est connu en dehors de la Scandinavie. Jordanès, dans ses Getica (§78), évoque les Anses, héros divinisés des Goths, et l'anglo-saxon connaît le mot ōs.

Áss n'est que l'un des noms dont dispose la langue norroise pour nommer les dieux. Ils peuvent aussi être appelés goð ou guð, regin, bönd et höpt ou tívar.

Les Ases et les Vanes

Si Ases et Vanes vivent ensemble à Ásgarðr, ils n'ont pas les mêmes fonctions. Si les uns sont des dieux de la souveraineté et de la force, les autres le sont de la fécondité et de la fertilité. Au début des temps, un conflit les a opposés, qui s'est conclu par la paix et l'échange d'otages. C'est ainsi que les principaux dieux Vanes, Njörðr et Freyr, ont rejoint la société des Ases.

Plusieurs explications ont été données à l'existence de deux groupes de dieux et à leur conflit. La première est d'ordre historique. La guerre entre les Ases et les Vanes serait la transposition d'un conflit ayant opposé un peuple sédentaire, au culte agraire, à un peuple nomade, au culte guerrier, peut-être les Indo-Européens. Les dieux des seconds, correspondant aux Ases, se seraient ajoutés aux dieux des premiers, correspondant aux Vanes. La seconde explication est d'ordre structurelle. Elle a été défendue par Georges Dumézil, qui s'est attacher à montrer que la conclusion de la guerre des Vanes, dont il a trouvé l'équivalent dans d'autres cultures indo-européennes, symbolisait la mise en place d'un ordre social équilibré grâce à la complémentarité de ses membres.