Le Codex Runicus est l'un des seuls manuscrits écrits en runes. Rédigé au Danemark vers 1300, il comprend notamment la loi de Scanie et une partition.

Feuillet du Codex Runicus contenant la loi de ScanieUne disposition du Skånske lov concernant les litiges survenant à propos des essaims d'abeilles.Le Codes Runicus (cote AM 28 8vo) compte 101 feuillets (202 pages) écrits en runes. Il a été rédigé par deux scribes, peut-être au monastère de Herrisvad (Scanie). L'alphabet utilisé est le nouveau fuþark, qui a subi, au cours du Moyen Âge, l'influence de l'alphabet latin : chaque lettre de l'alphabet latin trouve désormais son équivalent runique. Comme dans les manuscrits en latin, la tête des différentes sections est écrite en rouge. Les majuscules sont également colorées.

Le manuscrit a principalement un contenu juridique. La loi de Scanie (Skånske lov) occupe à elle seule 82 feuillets. Il s'agit de l'une des plus ancienne version de ce recueil de lois datant du début du XIIIe siècle, et qui demeura appliqué dans les provinces de Scanie, Halland et Blekinge (Sud de la Suède, à l'époque possessions danoises) jusqu'au milieu du XVIIe siècle. La loi de Scanie est suivie de la loi ecclésiastique de Scanie (Skånske kirkelov). Datée d'environ 1171, elle règle certaines difficultés survenues entre l'Église et la population de l'archevêché de Lund.

Le Codex Runicus contient aussi quelques brefs textes historiques : une liste (fragmentaire) de rois de Danemark, une chronique, et une description de la frontière entre le Danemark et la Suède.

Le manuscrit est aussi connu pour son dernier feuillet, qui contient deux vers d'une ballade intitulée Drømte mig en drøm i nat :

Drømde mik en drøm i nat um silki ok ærlik pæl.
(« J'ai rêvé cette nuit de soie et de brocart. »)
 

Feuillet du Codex Runicus contenant une partitionLa partition de Drømte mig en drøm i nat.Ils sont accompagnés d'une partition sur deux portées. Il s'agit de la plus ancienne partition de musique profane connue en Scandinavie. Cette mélodie est aujourd'hui utilisée comme indicatif de la Radiodiffusion danoise.

Au-delà de son contenu, le Codex Runicus est naturellement remarquable en ce qu'il est entièrement composé en runes. Les runes sont en effet une écriture épigraphique, tandis que l'alphabet normalement utilisé sur les manuscrits est l'alphabet latin. La seule autre exception est un manuscrit contenant une traduction d'un planctus Mariae (« lamentation de Marie »), également composée en Scanie au début du XIVe siècle, peut-être dans le même scriptorium. Cette volonté d'adapter l'alphabet runique à un nouveau support témoigne, au moins, d'un intérêt pour le passé, et peut-être aussi d'une tentative – demeurée vaine – de permettre aux runes de rivaliser avec l'alphabet latin.

Le manuscrit est conservé à Copenhague, par l'Arnamagnæanske håndskriftsamling.

Fac-similé