Finnur Jónsson (1858-1934) est un philologue islandais, auteur d'un grand nombre d'éditions de textes norrois, ainsi que d'une monumentale histoire de la littérature norroise.
Finnur Jónsson est né en 1858 à Akureyri (nord de l'Islande), d'un père relieur (devenu, par la suite, policier), collectionneur de livres et lui-même auteur de quelques ouvrages.
Après des études secondaires à Reykjavík, il s'inscrit en 1878 à l'université de Copenhague, pour y étudier la philologie. Il obtient son doctorat dès 1884, consacrant sa thèse à des Études critiques d'une partie des plus anciens poèmes scaldiques norvégiens et islandais.
Il a enseigné à l'université de Copenhague de 1885 à 1928, et a été, jusqu'à sa mort, un chercheur extrêmement prolifique1, auteur d'un nombre considérable d'éditions, livres, articles, recensions d'ouvrages...
Parmi ses multiples éditions figurent notamment une vingtaine de sagas d'Islandais, dont l'Egils saga (1884, 1886-1888, 1924), l'Íslendingabók (1886, 1930), la Hauksbók (1892-1896), la Heimskringla (1893-1901, 1911) et d'autres sagas royales, la Landnamabók (1900, 1921, 1925), l'Edda de Snorri (1900, 1904, 1924, 1932), la Hrólfs saga kraka (1904), le Konungs skuggsjá (1920), l'Alexanders saga (1925).
Il s'est particulièrement intéressé à la poésie, éditant, outre l'Edda poétique à plusieurs reprises (1891, 1905, 1927, 1932), une collection des plus anciennes rímur (Rímnasafn, 1905-1922) et surtout l'intégralité du corpus scaldique dans Den norsk-islandske skjaldedigtning (1908-1915), un ouvrage divisé en deux sections, contenant, l'une une édition diplomatiques des poèmes, avec les variantes, l'autre un texte normalisé, avec une traduction danoise. Malgré ses limites, il demeure l'édition standard de la poésie scaldique.
Il a aussi composé une version revue et augmentée du Lexicum poeticum de Sveinbjörn Egilsson (1913-1916, 1931), dictionnaire du vocabulaire rencontré dans les poèmes norrois.
Outre la poésie scaldique et eddique, Finnur s'est consacré à l'histoire et à l'histoire littéraire, à la linguistique et à l'onomastique, aux inscriptions runiques et aux sagas, à la mythologie et aux contes populaires, et jusqu'aux questions médicales – il a rédigé un opuscule sur la médecine dans l'ancienne Scandinavie.
De ses vastes connaissances, il a tiré un monumental ouvrage consacré à une présentation exhaustive de la littérature norroise : Den oldnorske og oldislandske litteraturs historie (1892-1900, 1920-1924).
Si Finnur Jónsson a été l'un des chercheurs les plus influents de son temps, il a aussi fait l'objet de critiques, aussi bien de son vivant – il a été engagé dans des controverses avec de nombreux chercheurs, controverses d'autant plus vives qu'il était rétif à la critique, que depuis sa mort.
Sa méthode éditoriale a été mise en cause, qu'il s'agisse de l'examen parfois insuffisant des relations entre les manuscrits, d'une pondération contestable des différentes versions d'un texte, ou d'émendations jugées excessives, parfois pour faire correspondre les œuvres à l'image qu'il s'en faisait.
Il lui a été reproché un esprit rationaliste à l'excès, hostile à l'imagination, rejetant les spéculations, les hypothèses, les nuances ; une démarche conservatrice, ignorante des idées nouvelles, et peu fertile en théories originales ; une productivité si soutenue qu'elle s'exerçait parfois au détriment d'une analyse en profondeur.
Nombre de ses conclusions apparaissent dépassées, ainsi sur l'influence (nulle) de la littérature étrangère sur la littérature norroise, sur l'origine (principalement norvégienne) des poèmes eddiques, sur la date (précoce) de composition des sagas d'Islandais, ou sur la valeur (historique plutôt qu'artistique) des sagas (qui sont donc d'autant meilleures qu'elles sont plus anciennes, car supposées plus authentiques).
Finnur Jónsson est mort à Frederiksberg (Danemark) en 1934.
Source
- Fjalldal, Magnús. Greatness and Limitations : The Scholarly Legacy of Finnur Jónsson. Neophilologus, 95-2 (April 2011). P. 329-339.