Le fornyrðislag est le mètre le plus répandu dans les poèmes eddiques. Ce nom, qui signifie « mètre des récits anciens », a été transmis par Snorri Sturluson dans le Háttatal (96).
Les strophes en fornyrðislag comptent huit demi-lignes d'une longueur variable. Deux demi-lignes sont liées entre elles par une allitération, consonantique ou vocalique, en deux ou trois temps : une ou deux syllabes dans la première demi-ligne et une autre – la première syllabe accentuée – dans la seconde. Cette strophe (3) de la Völuspá en fournit une illustration :
Le fornyrðislag est apparenté au long vers germanique, tel qu'il se rencontre dans les épopées rédigées en vieux haut-allemand (le Hildebrandslied), vieux saxon (Heliand) ou vieil anglais (Beowulf).
En Scandinavie, il apparaît d'abord dans certaines inscriptions runiques, comme celle de la pierre de Rök. Le fornyrðislag est employé, aux côtés du málaháttr et du ljóðaháttr, dans les poèmes eddiques. Il est aussi utilisé dans des poèmes à caractère mythologique (le Darraðarljóð dans la Njáls saga) ou héroïque (de nombreux poèmes figurant dans les sagas légendaires, regroupés sous le tire d'Eddica minora). C'est le mètre que choisit Gunnlaugr Leifsson pour rédiger sa Merlínuspá, traduction des Prophéties de Merlin de Geoffrey de Monmouth. Il est encore employé, à la fin du Moyen Âge, dans des poèmes empruntant leur sujet aux contes populaires ou aux contes de fées.
Plus simple que le dróttkvætt, le fornyrðislag apparaît rarement dans les poèmes de louange, thème de prédilection de la poésie scaldique. L'erfikvæði composé par Gísl Illugason à la mémoire de Magnús berfœttr ou le Sigurðarbálkr, œuvre de Ívarr Ingimundarson à la mémoire de Sigurðr slembidják, font toutefois exception.
- Écrit par Frédéric Vincent