Une hending (de « henda », « attrapper ») est une rime en poésie scaldique. On distingue aðalhending (rime pleine) et skothending (demi-rime). Leur répartition obéit à des règles strictes.

La skothending (étymologie incertaine) est constituée de consonnes (ou de groupes de consonnes) précédées de voyelles différentes, tandis que, dans l'aðalhending (« rime principale »), la même consonne (ou groupe de consonnes) est précédée de la même voyelle.

Ainsi, dans cette lausavísa de Þjóðólfr Arnórsson (les demi-rimes sont en italique, les rimes pleines en gras) :

Öld hefr afráð goldit
ilt, nú kveðk her stiltan,
bauð þessa för þjóðum
þarflaust Haraldr austan...
 

Lausavísa de Þjóðólfr ArnórssonLausavísa de Þjóðólfr Arnórsson dans le manuscrit islandais AM 66 fol. (Hulda) (1350-1374).
Stofnun Árna Magnússonar, Reykjavík.
Dans les poèmes les plus anciens, la répartition des rimes était aléatoire. Par la suite, les règles sont devenues plus strictes et les demi-rimes ont alors figuré dans les lignes paires, et les rimes pleines dans les lignes impaires. La deuxième partie de la rime tombe sur la dernière syllabe accentuée (donc l'avant-dernière syllabe), la première sur l'une des autres syllabes accentuées.

Il existe des strophes sans rime interne. Elles sont appelées háttlausa (« sans forme »). C'est le cas de cette lausavísa d'Egill Skallagrímsson :

Rístum rún á horni,
rjóðum spjöll í dreyra,
þau velk orð til eyrna
óðs dýrs viðar róta...
 

D'autres ne contiennent que des demi-rimes dans les lignes paires, et aucune dans les lignes impaires. Elles sont qualifiées de munnvörp (« improvisations »), à l'image de cette lausavísa du jarl des Orcades Torf-Einarr :

...en í kveld meðan knýjum,
of kerstraumi, rómu,
þegjandi sitr þetta
Þórir jarl á Mœri.
 

Lausavísa de Torf-EinarrLausavísa de Torf-Einarr dans le manuscrit islandais AM 45 fol. (Codex Frisianus) (1350-1374).
Den Arnamagnæanske Samling, Copenhague.
Les strophes qui ne contiennent que des rimes pleines se nomment rétthent (« rimée avec cohérence »). Cette lausavísa d'Egill Skallagrímsson en fournit un exemple :

Gekk, sás óðisk ekki,
jarlmanns bani snarla
(þreklundaðr fell) Þundar
órolfr) í gný stórum...
 

Certaines strophes sont plus élaborées encore, comme ce helmingr de l'évêque Klœingr Þórsteinsson, qui contient deux paires de rimes pleines par ligne :

Bk sveit á gl Geitis,
gör's íð at för, tíðum
drögum hest á lög lesta,
l flýtr, en skr nýtum.
 

Lausavísa de Klœingr ÞorsteinssonLausavísa de Klœingr Þorsteinsson dans le Codex Regius de l'Edda de Snorri (1300-1350).
Stofnun Árna Magnússonar, Reykjavík.
Cette forme est appelée alhent (« complètement rimée »), et Snorri Sturluson écrit qu'elle est considérée comme « la plus belle et la plus difficile, si elle est bien composée » (Háttatal, ch. 43).

Bibliographie

  • Boyer, Régis. La Poésie scaldique. Paris : Éd. du Porte-Glaive, 1990. (Patrimoine de l'Europe). P. 115-118.