The Thrall of Leif the Lucky (« L'Esclave de Leif le Chanceux ») est un roman historique de la romancière américaine Ottilie A. Liljencrantz (1902). Il a pour héros Aldwin, un jeune noble saxon devenu l'esclave de Leif Ericsson. L'auteur s'est inspirée des sagas du Vinland pour décrire la découverte de l'Amérique, tout en y ajoutant une histoire d'amour entre Aldwin et la fière Helga.
L'auteur
Ottilie A. Liljencrantz est une romancière américaine d'origine scandinave. Elle est née à Chicago en 1876 d'un père venu de Suède. Son premier roman, The Scrape that Jack Built, est un roman pour enfants, mais elle est surtout connue pour ses romans à tonalité sentimentale ayant des vikings pour héros. Ils ont connu un vif succès en leur temps.
Dans une note liminaire à The Thrall of Leif the Lucky, elle attribue son amour de « l'héroïque âge viking » à la lecture de Paul du Chaillu et de Rasmus B. Anderson. Paul du Chaillu (1831 ou 1835-1903) est un explorateur franco-américain qui effectua plusieurs voyages en Scandinavie et est notamment l'auteur d'un ouvrage intitulé The Viking Age (1889). Rasmus B. Anderson (1846-1946) est un professeur américain d'origine norvégienne qui a consacré son existence à mieux faire connaître la Scandinavie à ses compatriotes américains, par ses ouvrages évoquant les explorations vikings et la mythologie nordique et par ses activités de traducteur et d'éditeur, entre autres.
The Thrall of Leif the Lucky : a story of Viking days, paru en 1902 chez A. C. McClurg & Co (Chicago), est le premier des ouvrages d'inspiration scandinave d'Ottilie Liljencrantz. Ont suivi The Ward of King Canute : a romance of the Danish conquest (1903), The Vinland champions (1904), Randvar the Songsmith : a romance of Norumbega (1906) et A Viking's love : and other tales of the North (1911), publié à titre postume.
Ottilie Liljencrantz est en effet morte en 1910.
Le récit
Olaf Tryggvason. Alwin, le fils d'un jarl de Northumbrie, a été réduit en servitude après un raid viking et devient l'esclave de Leif le Chanceux, le fils d'Éric le Rouge. Il fait la connaissance de Helga, fille adoptive de Leif et « shield-maiden1 », qui le traite d'abord avec mépris, et de ses compagnons : Sigurd, Rolf et Egil, ce dernier secrètement amoureux de Helga et hostile à Alwin. Leif est chargé par Olaf de retourner au Groenland pour y prêcher le christianisme. Durant le voyage, Alwin se fait apprécier de Leif grâce à sa connaissance des runes.
L'action débute à la fin du Xe siècle à Nidaros, sous le règne d'Leif et ses hommes séjournent auprès d'Éric le Rouge, qui demeure farouchement attaché au paganisme. Alwin et Helga se découvrent amoureux l'un de l'autre, mais Alwin est laissé pour mort par Leif pour avoir consulté une völva, et Helga retourne en Norvège, emmenée par son père qui veut la marier.
Leif décide de partir à la recherche des terres nouvelles aperçues par Biorn Herjulfsson. Font partie de l'expédition un Normand, Robert Sans-Peur, en réalité Alwin déguisé, qui a survécu et a été soigné en secret, et Helga, qui se cache à bord du navire. Alwin espère accomplir un exploit qui lui vaudra le pardon de Leif. Les explorateurs découvrent les terres baptisées Helluland, Markland et enfin Vinland, un territoire d'une grande richesse, où il passent l'hiver.
Alors que les colons s'apprêtent à retourner au Groenland, Alwin, las du mensonge, révèle la vérité à Leif. Mais celui-ci l'avait déjà devinée, et n'en conserve pas moins son amitié au Saxon. De son côté, Helga, reniée par son père, est libre d'épouser Alwin. Finalement, le succès de l'expédition de Leif suscite un grand nombre de conversions au Groenland.
Les sources
Ottilie Liljencrantz indique, dans une note liminaire, avoir puisé dans les études de « Rafn, Torfeus, Vigfusson, Mallet, Keyser, Anderson, Du Chaillu, Ernander, Rink, Tegner », ainsi que dans les travaux de « John Fiske, Eben Norton Horsford, Thomas Wentworth Higginson, Alexander von Humboldt, J. S. C. Abbott, Bayard Taylor, Charles Kingsley, William Cullen Bryant, Aaron Goodrich, et d'autres » – soit une somme de lectures très conséquente pour une jeune femme de vingt-six ans.
Elle indique plus spécifiquement plusieurs emprunts directs : certains traits de la scène du duel du chapitre VI sont inspirés de la Frithiofs saga d'Esaias Tégner (1825), poème tiré de la saga du même nom ; la description de la traversée d'un fjord glacé dans la tempête au chapitre XIX provient du tableau du Groenland dressé par Hinrich Rink dans Danish Greenland (1877) ; le récit du voyage de Biorn Herjulfsson au chapitre XIX est emprunté « presque littéralement » à la traduction de Paul du Chaillu, tout comme les extraits de la Flateyarbók placées au début de deux chapitres ; les traductions des strophes des Hávamál qui figurent en exergue de la plupart des chapitres sont de du Chaillu et de Rasmus Anderson.
Les sources primaires sont évidemment les sagas du Vinland – l'Eiríks saga rauða, la Grænlendinga saga et le Grænlendinga Þáttr, et c'est donc à travers les œuvres de du Chaillu et d'Anderson qu'Ottilie Liljencrantz en a eu connaissance. Le premier a consacré un chapitre de son Viking Age à la « découverte et colonisation de l'Islande, du Groenland et de l'Amérique »2. Y figurent des traductions des récits des voyages de Bjarni Herjólfsson puis de Leifr Eiríksson figurant dans les premiers chapitres de la Grænlendinga saga. Quant à Rasmus Anderson, la découverte scandinave de l'Amérique a fait l'objet de plusieurs de ses publications, à commencer par America Not Discovered by Columbus (1874 pour la première édition), sous-titrée « Esquisse de l'histoire de la découverte de l'Amérique par les Vikings au dixième siècle ».
Le film
En novembre 1928 sort le film The Viking, assez librement inspiré de The Thrall of Leif the Lucky. Réalisé par R. William Neill, avec Donald Crisp dans le rôle de Leif Ericsson, il s'agit de l'un des derniers films muets, mais il est réalisé en Technicolor. Il s'agit du premier film à évoquer la découverte de l'Amérique du Nord par les Scandinaves.
Le roman en ligne
Le roman est aussi disponible aux formats EPUB et Kindle sur le projet Gutemberg.