La Þorsteins saga hvíta (« Saga de Þorsteinn le Blanc ») est une courte saga d'Islandais. Histoire de meurtre, de vengeance et de pardon, elle a sans doute été conçue comme un prologue à la Vopnfirðinga saga.

Þorsteins saga hvíta dans le manuscrit AM 156 fol.Le début de la Þorsteins saga hvíta dans le manuscrit islandais AM 156 fol. (1625-1672).
Stofnun Árna Magnússonar, Reykjavík.
Þorsteinn le Beau (« fagri »), décrit comme « un homme bon et de caractère aimable »1 s'enrichit à l'étranger. Il se fiança à Helga, une riche héritière, qu'il devait épouser après un voyage en Norvège. Mais il tomba malade durant la traversée. Son associé, Einar, se moqua de lui, et rentra sans lui en Islande. Là, il fit répandre le bruit de la mort de Þorsteinn, et obtint, par la menace, la main de Helga.

Guéri, Þorsteinn revint en Islande. Apprenant ce qui s'était passé, il feignit d'abord l'indifférence, avant de se rendre chez Einar. Comme celui-ci lui refusait compensation, il le tua. Il s’ensuivit un combat dans lequel périrent les frères de Þorsteinn et Þorgils, beau-frère d'Einar et fils de Þorsteinn le Blanc. Þorsteinn le Beau partit à l'étranger et fut déclaré hors-la-loi.

De retour en Islande cinq ans plus tard, il se présenta chez son homonyme et lui offrit sa tête. Mais Þorsteinn le Blanc déclara qu'il se considérerait réconcilié avec Þorsteinn si celui-ci s'installait auprès de lui et l'aidait à gérer son domaine, chose que, devenu vieux et aveugle, il n'était plus capable de faire.

Ainsi fit Þorsteinn pendant huit ans, remplaçant le fils que Þorsteinn avait perdu. Au bout de cette période, Þorsteinn le Blanc demanda à son homonyme de partir à l'étranger, car il craignait que son petit-fils Helgi, devenu adulte, ne cherche à venger son père, Einar. Þorsteinn s'installa donc avec sa famille au Hálogaland.

La saga s'achève sur une anecdote expliquant comment Helgi acquit le surnom de Brodd-Helgi (« Helgi aux crampons »), et sur une évocation de ses démêlées futures avec Geitir, « comme il est dit dans la Vopnfirðinga saga ».

La Þorsteins saga hvíta a, en effet, sans doute été conçue comme un prologue à la Vopnfirðinga saga.

Outre la Vopnfirðinga saga, l'auteur a utilisé comme source la Landnámabók. Quant à la ruse employée par Einar pour épouser Helga, elle renvoie à la Laxdæla saga, à la Bjarnar saga Hítdælakappa ou à la Gunnlaugs saga ormstungu.

Ces diverses influences, des faiblesses dans le traitement de l'action ou dans les dialogues, le manque de nuances ou d'épaisseur des personnages, trahissent, selon Jan de Vries, un « auteur peu doué » et une date de composition tardive (dernier quart du XIIIe siècle)2.

La saga n'a été conservée que dans des manuscrits sur papier datant du XVIIe siècle (AM 156 fol., AM 158 fol., AM 496 4to).

Traduction

  • The Saga of Thorstein the White. Transl. by Anthony Maxwell. In : The Complete Sagas of Icelanders : including 49 tales. Vol. IV. General editor, Viðar Hreinsson ; editorial team, Robert Cook ... [et al.]. Reykjavík : Leifur Eiríksson Publishing, 1997. P. 303-311.
 

1 « Hann reyndist góðr drengr og vinveittr í skaplyndi. » (ch. 3).
2 de Vries, Jan. Altnordische Literaturgeschichte. 3., unveränd. Aufl. in einem Bd. Berlin : de Gruyter, 1999. Bd. II, p. 440.