Viking Women and the Sea Serpent (1957) est un film de série B américain, mettant en scène le périple de femmes vikings en quête de leurs fiancés disparus.

Viking Women and the Sea SerpentViking Women and the Sea Serpent, de son titre complet The Saga of the Viking Women and their Voyage to the Waters of the Great Sea Serpent1, a été réalisé par Roger Corman, producteur et metteur en scène spécialisé dans les films indépendants à petits budget destinés à un public d'adolescents. Le scénario est de Lawrence L. Goldman, d'après une histoire d'Irving Block.

Tourné en dix jours pour un budget compris entre 60 000 et 70 000 dollars, Viking Women raconte l'histoire des jeunes femmes d'un village côtier, dont les fiancés ont disparu en mer depuis trois ans.

Au début du film, elles décident si elles doivent ou non partir à leur recherche, « d'une façon typiquement viking », c'est-à-dire en jetant leur lance sur un arbre. Au-delà de ce mode de scrutin fantaisiste, la séquence renvoie à l'image des vikings comme premiers démocrates, une théorie populaire dès l'époque victorienne.

Viking Women and the Sea SerpentLa majorité s'étant prononcée pour une expédition, elles prennent la mer, après avoir construit un bateau. Attaquées par un monstre marin dont l'apparence trahit la modestie du budget du film, prises dans un tourbillon, elles échouent sur une terre inconnue.

Elles sont faites prisonnières par des hommes cruels, aussi bruns qu'elles sont blondes2, d'origine indéterminée, bien que le couvre-chef de leur roi évoque les Mongols.

Là, elles retrouvent leurs fiancés, réduits en esclavage dans une mine. Elles vont tenter d'échapper tant à la luxure de leurs ravisseurs qu'à la fureur du grand serpent des mers.

Rien, dans les paysages (californiens), les décors, les accessoires ou les costumes (tous minimalistes), n'évoque la Scandinavie. La référence viking a certainement été employée pour ses promesses de violence, en particulier sexuelle.

Viking Women and the Sea Serpent Viking Women est en effet typique des films d'exploitation produits par les studios indépendants tels qu'American International Pictures, à une époque où la censure commence à s'assouplir, et où le public familial tend à être remplacé par des adolescents et des hommes jeunes.

Les héroïnes portent des tuniques courtes et décolletées, et, ainsi que l'affirme la bande-annonce racoleuse, elles sont livrées à des hommes qui « sont à la recherche de violents plaisirs, des plaisirs qui ne peuvent se terminer que par le jet d'une lance dans une chair chaude ». Au-delà de ce double sens (la phrase est prononcée sur les images d'une scène de chasse), le spectateur est invité à voir « la danse du désir, prélude à des festivités orgiaques que seules les anciennes civilisations connaissaient ».

Viking Women and the Sea SerpentIl est vrai que les menace de viol sont récurrentes, et le roi, manifestement fasciné par les cheveux blonds de ses captives, promet de les livrer à ses hommes. Toutefois, de « festivités orgiaques », il n'y a pas, tout au plus un banquet où une femme danse de façon erratique, et où les prisonnières tentent d'échapper aux attouchements de leurs ravisseurs. Quant aux relations entres les guerrières vikings et leurs fiancés, elles sont très chastes.

Si le film joue sur le voyeurisme et la réification de la femme, il met en même temps en scène des guerrières fortes et courageuses, lui donnant, dans une certaine mesure, une tonalité « proto-féministe »3. Desir (Abby Dalton), leur chef, tue ainsi un sanglier et bat le fils du roi au bras de fer. Elle fait face à la mort aussi bravement que son fiancé. Et ce sont les femmes, et non leurs compagnons falots, qui sont à l'origine de la libération du clan.


1 Un titre justifié par l'impossibilité, selon Roger Corman, de résumer l'intrigue en un ou deux mots. D'où l'idée, à l'inverse, d'imaginer le titre le plus long de l'histoire du cinéma.
2 La seule brune parmi les vikings est une traîtresse.
3 Finke, Laurie A. ; Shichtman, Martin B. Between Exploitation and Liberation: Viking Women and Sexual Revolution. In : The Vikings on Film. Essays on Depictions of the Nordic Middle Ages. Ed. by Kevin J. Harty. Jefferson, N.C. : McFarland & Company, 2011. P. 154.

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