Nouvelle du recueil Puck of Pook's Hill de Rudyard Kipling (1906), Weland's Sword évoque l'histoire du dieu-forgeron Weland dans l'Angleterre anglo-saxonne.
Weland's Sword (« L'Épée de Weland ») a été publiée en janvier 1906 dans le Strand Magazine et le Ladies' Home Journal. La nouvelle paraît la même année dans le recueil Puck of Pook's Hill. Elle en constitue la première histoire et en fixe le cadre.
Des enfants s'amusent à jouer des scènes du Songe d'une nuit d'été (A Midsummer Night's Dream) de Shakespeare. La conjonction de la pièce, du lieu (à l'ombre de Pook's Hill, une colline du Sussex), du jour (la veille de Midsummer, la fête du solstice d'été) conduisent à faire apparaître Puck, une créature du folklore qui a inspiré un personnage à Shakespeare.
Puck est le dernier représentant du « peuple des collines ». Tous les autres ont quitté l'Angleterre. Présent depuis des millénaires, il a vu arriver, puis partir, les « géants, trolls, kelpies, brownies, gobelins, imps; génies des bois, des arbres, des monts et des eaux; peuples de la lande, veilleurs des collines, gardiens de trésors, bon peuple, petit peuple, pishogues, leprechauns, cavaliers de la nuit, pixies, nixes, gnomes, et les autres ».
Ces êtres sont les anciens dieux arrivées en même temps que les peuples qui ont abordé en Angleterre : Phéniciens, Gaulois, Jutes, Danois, Frisons, Angles. Mais l'« Angleterre est un mauvais pays pour les dieux ». Les « hommes n'aiment pas être sacrifiés », et « ils n'aiment même pas sacrifier leurs chevaux de ferme ». Alors, il se sont détournés des dieux, qui durent se reconvertir pour survivre : la déesse Belisama est ainsi devenue un vulgaire esprit des eaux, quelque part dans le Lancashire.
Un seul de ces anciens dieux a « travaillé honnêtement pour gagner sa vie ». Il s'agit de Weland, le forgeron des dieux.
Arrivé avec un peuple de pirates conquérants, il fut l'objet d'un culte et de sacrifices pendant plusieurs siècles. Puis son culte déclina, et enfin ses temples furent remplacés par des églises.
Puck le retrouve un ou deux ans avant la Conquête (1066), en train de ferrer un cheval en échange d'un penny, sous le nom de Wayland-Smith. Il ne peut repartir tant qu'un être humain ne lui aura pas souhaité du bien. Il est finalement délivré de son sort grâce à un novice d'un monastère voisin nommé Hugh. En remerciement, Weland lui forge une épée, sur la lame de laquelle il grave des runes.
Weland le forgeron est un personnage connu dans l'ensemble du monde germanique. Le récit le plus détaillé le concernant est le poème eddique nommé Völundarkviða, mais il apparaît aussi dans les sources anglo-saxonnes, aussi bien écrites (le poème Deor), que non-écrites (le coffret d'Auzon).
Weland est lié en particulier au monument funéraire néolithique nommé Wayland's Smithy («forge de Wayland »). Situé dans l'Oxfordshire, donc assez loin du lieu où se déroule la nouvelle, il s'y attachait une légende qui a manifestement inspiré Kipling1. Elle a été rapportée en ces termes par Francis Wise (A letter to Dr Mead concerning come antiquities in Berkshire, 1738) :
« À cet endroit vivait autrefois un forgeron invisible, et si le cheval d'un voyageur avait perdu un fer sur la route, tout ce qu'il avait à faire était de mener le cheval à cet endroit avec une pièce de monnaie, et, les y laissant un moment, il pouvait revenir et trouver l'argent disparu, mais le cheval nouvellement ferré ».
L'épée de Weland, qui apparaît dans cette nouvelle d'ouverture, clôt également le recueil, au terme d'un parcours qui aura évoqué plusieurs des grandes heures de l'histoire de l'Angleterre, dont les invasions vikings, auxquelles est consacrée la nouvelle The Knights of the Joyous Venture.