Ælle ou Ælla, Ella en vieux norrois, est un roi anglo-saxon, qui régna sur la Northumbrie en 867. Il est présenté, dans les sources scandinaves, comme le meurtrier de Ragnar Lodbrok.

Ælle est brièvement évoqué dans les sources historiques anglo-saxones.

La Chronique anglo-saxonne rapporte ainsi, pour l'année 867, que lorsque la grande armée viking arriva en Northumbrie, le royaume était en proie à des troubles. Le roi légitime, Osberth, avait en effet été renversé par Ælle, qui n'appartenait pas à la dynastie régnante. Les deux rois se réconcilièrent toutefois pour tenter de reprendre York aux vikings, mais ils furent tués tous les deux.

Mort de Ragnar Lodbrok, Hugo Hamilton Hugo Hamilton, Mort de Ragnar Lodbrok.
Gravure figurant dans Teckningar ur Skandinaviens äldre historia (1830).
La brièveté du règne d'Ælle rend peu crédible la tradition scandinave selon laquelle il serait le meurtrier de Ragnar Lodbrok, et aurait été mis à mort par les fils de ce dernier1.

Elle est rapportée dans la Ragnars saga loðbrókar (ch. 15-17) et le Ragnarssona þáttr (ch. 3), mais aussi dans la Gesta Danorum de Saxo Grammaticus (livre IX, ch. 4), qui racontent que Ragnar tenta de conquérir l'Angleterre, mais qu'il fut fait prisonnier par Ella et jeté dans une fosse remplie de serpents, où il périt. Il fut vengé par ses fils, qui vainquirent Ella et le firent mettre à mort par le supplice de l'aigle de sang, une mort déjà évoquée en ces termes par Sigvatr Þórðarson dans sa Knútsdrápa (str. 1)  :

Ok Ellu bak,
at, lét, hinn's sat,
Ívarr, ara,
Jórvík, skorit.
 
À Jórvík siégeait
Ívarr qui fit
découper un aigle
dans le dos d'Ella.2
 

Envoyés du roi Ella devant les fils de Ragnar Lodbrok, August MalmströmAugust Malmström, Envoyés du roi Ella devant les fils de Ragnar Lodbrok.
Huile sur toile, 1857.
Norrköpings Konstmuseum, Norrköping (Suède).
Le nom d'Ella est employé à plusieurs reprises par des scaldes des Xe et XIe siècles dans des kenningar se rapportant à l'Angleterre3.

« Ellu niðr » (« descendant d'Ella ») désigne le roi Æthelstan dans l’Aðalsteinsdrápa d'Egill Skallagrímsson (str. 1). « Ellu kind » (« race d'Ella ») est le terme utilisé par Sigvatr Þórðarson pour qualifier les Anglais dans ses Víkingarvísur (str. 7), tandis que l'Angleterre est appelée « Ellu ættleifð » (« patrimoine d'Ella ») dans la Knútsdrápa de Hallvarðr háreksblesi (str. 3).

Chez ces deux scaldes de Knut le Grand, il s'agit d'insister sur la légitimité de Knut à régner sur l'Angleterre en le présentant comme l'héritier des conquêtes d'Ivar4.

Magnus le Bon, roi de Norvège et de Danemark, mais aussi prétendant à la couronne d'Angleterre, est quant à lui qualfié d'« Ellu konr » (« parent d'Ella ») par Þjóðólfr Arnórsson dans son Magnússflokkr (str. 6).


1 Tradition que juge en revanche véridique : Smyth, Alfred P. Scandinavian kings in the British Isles, 850-880. Oxford : Oxford University Press, 1977. P. 189-194.
2 Le Dit des fils de Ragnarr. In : Régis Boyer. Les Sagas miniatures (þættir). Paris : Les Belles Lettres, 1999. P. 363.
3 Sveinbjörn Egilsson. Lexicon poeticum antiquæ linguæ Septentrionalis. 2. udg. Ved Finnur Jónsson. København : S. L. Møllers bogtr., 1931.
4 Frank, Roberta. King Cnut in the verse of his scalds. In : The reign of Cnut : king of England, Denmark and Norway. Ed. by Alexander R. Rumble. London : Leicester University Press ; Rutherford : Fairleigh Dickinson University Press, 1994. P. 110-111.