Les riddarasögur (« sagas de chevaliers ») regroupent deux types de sagas : d'une part, des traductions et adaptations de chansons de geste, romans courtois, lais... d'origine française ou anglo-normande le plus souvent ; d'autre part des sagas originales s'inspirant des intrigues, structure et style des précédentes.

Manuscrit-AM-132-4to-detailUn chevalier dans le manuscrit AM 132 4to (1440-1460), contenant la Jónsbók.
Stofnun Árna Magnússonar, Reykjavík.
Les traductions trouvent leur origine en Norvège sous le règne de Hákon Hákonarson (1217-1263), soucieux de voir son pays intégrer le modèle culturel européen, féodal et courtois. Hákon est d'ailleurs nommé comme le commanditaire de plusieurs sagas, et l'introduction de la Viktors saga ok Blávus indique qu'« il fit traduire un grand nombre de riddarasögur du grec ou du français en norrois ». Contrairement à celui de fornaldarsaga, dû à la recherche moderne, le terme de riddarasaga est donc ancien, les plus vieux manuscrits de la Viktors saga datant du XVe siècle.

Les œuvres traduites sont des chansons de geste (Karlamagnus saga, avec l'épisode du Runzivals bardagi, la bataille de Ronceveaux), des lais (Strengleikar), des romans courtois (Erex saga, Ívens saga, Parcevals saga, traduites de Chrétien de Troyes), des romans d'aventures (Flóres saga ok Blankiflúr), des fabliaux. Elles incorporent ainsi la matière de France ou la matière de Bretagne à la littérature norroise. Sont parfois aussi inclues parmi les sagas de chevaliers des traductions d’œuvres historiques ou pseudo-historiques antiques (Trójumanna saga) ou médiévales (Breta sögur). Les riddarasögur apparaissent comme des adaptations, mêlant à un contenu continental plus ou moins fidèlement rapporté leur style norrois.

Si les sagas de chevaliers issues de traductions trouvent leur origine en Norvège avant de gagner l'Islande, celles dites indigènes ou originales, encore appelées lygisögur (« sagas mensongères ») sont en revanche des créations islandaises. Apparu à la fin du XIIIe, le genre, très populaire, s'est perpétué pendant plusieurs siècles. L'intrigue de ces sagas repose sur une quête : quête d'une fiancée, le plus souvent, mais aussi tort à redresser, comme un trône usurpé, ou recherche d'un parent disparu. Le décor est souvent exotique (Proche-Orient, Inde), comme les noms des personnages. Ces lygisögur abondent en éléments surnaturels : sortilèges, objets enchantés, comme le tapis volant. La récurrence de ces motifs conduit à les qualifier en allemand de Märchensagas, de Märchen : « conte de fées ». Elles contiennent un grand nombre de lieux communs, tels que les scènes de bataille, de banquet, ou de mariage, qui vient généralement conclure la saga. Les sagas de chevaliers indigènes ressemblent à certains égards aux sagas légendaires, et la frontière entre les deux genres n'est pas strictement délimitée.