Sif est une déesse, épouse de Þórr. Elle joue un rôle (passif) dans le mythe de la fabrication des objets précieux des dieux. Elle y acquière sa chevelure d'or.

Sif, par J.C. DollmanJ.C. Dollman, Sif.
Illustration de Myths of the Norsemen de H. A. Guerber, 1909.
C'est principalement en sa qualité d'épouse de Þórr que la déesse Sif apparaît, aussi bien chez Snorri (Gylfaginning, ch. 31, Skáldskaparmál, ch. 4, 21, 24) que dans des kenningar employées en poésie scaldique (« Sifjar rúni » : « mari de Sif », désigne Þórr dans une strophe d'Eysteinn Valdason) ou eddique (« Sifjar verr » : « mari de Sif », est une kenning pour Þórr dans la Hymiskviða, str. 3, 15 et 34, ainsi que dans la Þrymskviða, str. 24).

Sif est aussi la mère de Þrúðr (Skáldskaparmál, ch. 21), et, avant cela, d'Ullr (Gylfaginning, ch. 31, Skáldskaparmál, ch. 14, 21).

Son nom signifie « parente par alliance ».

Le seul mythe dans lequel elle joue un rôle, d'ailleurs passif, est celui de la fabrication des objets précieux des dieux. Dans les Skáldskaparmál (ch. 35), Snorri explique pourquoi l'or est désigné par la kenning « chevelure de Sif » – une kenning qui n'apparaît d'ailleurs pas dans la poésie scaldique. Loki avait, par malice, coupé les cheveux de Sif. Lorsqu'il le découvrit, Þórr s’apprêta à lui briser les os, mais Loki s'engagea à faire fabriquer par les elfes noirs des cheveux d'or qui pousseraient comme des vrais. Il se rendit donc chez des nains, les fils d'Ívaldi, qui fabriquèrent la chevelure, ainsi que le bateau de Freyr, Skíðblaðnir, et la lance d'Óðinn, Gungnir.

Les conditions dans lesquelles Loki a pu couper les cheveux de Sif peut suggérer une intimité sexuelle entre l'un et l'autre, qui expliquerait la violence de la réaction de Þórr, ainsi que l'a suggéré Margaret Clunies Ross1. Dans la Lokasenna (str. 54), Loki se vante d'avoir entretenu une relation avec elle, comme il le fait avec d'autres déesses. Dans le Hárbarðsljóð, et dans le contexte d'un échange d'insultes entre Óðinn et Þórr, Hárbarðr/Óðinn fait aussi référence à l'infidélité de Sif (str. 48).

En dehors de sa relation avec Þórr, Sif ne semble pas jouer de rôle. Sa chevelure blonde a cependant été interprétée comme symbolisant les champs de céréales. Le mythe qui s'y attache représenterait alors les moissons, puis le renouveau de la nature2. Certains chercheurs ont voulu voir en elle une déesse de la végétation3.

Dans le prologue de l'Edda de Snorri, la femme de Þórr se nomme Sibil.


1 Clunies Ross, Margaret. Þórr’s Honour. In : Studien zum Altgermanischen : Festschrift für Heinrich Beck. Herausgegeben von Heiko Uecker. Berlin : Walter de Gruyter, 1994. P. 48-76.
2 Uhland, Ludwig. Der Mythus von Thôr nach nordischen Quellen. Stuttgart ; Augsburg : Verlag der J.G. Cotta'schen Buchhandlung, 1836. P. 75-76.
3 de Vries, Jan. Altgermanische Religionsgeschichte. 3., unveränd. Aufl. Berlin : Walter de Gruyter, 1970. Vol. 2, p. 124.