The Waif Woman (Thorgunna la solitaire) est une nouvelle de Robert Louis Stevenson (1892). Il s'agit d'une histoire de revenant se déroulant dans l'Islande des sagas.

Stevenson, The Waif Woman, illustration N. C. WyethÉcrivain écossais, célèbre pour L'Île au trésor (1883) et L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde (1886), Robert Louis Stevenson (1850-1894) a composé The Waif Woman en 1892.

Évoquant la rédaction des Fables, Graham Balfour, biographe de Stenson, indique que « la référence à Odin est peut-être due à sa lecture des sagas, qui l'a conduit à tenter un conte du même style, intitulé “The Waif Woman1».

De fait, le récit, du reste sous titré A Cue–From a Saga, se déroule en Islande à l'époque des sagas, un an avant la christianisation de l'île.

Un printemps, une femme débarque à Snæfellsnes d'un navire venant des Hébrides. Nommée Thorgunna, elle possède deux coffres remplis de vêtements et de bijoux somptueux, qui suscitent l'envie d'Aud the Light-Minded, une femme futile, comme son surnom l'indique, et désireuse de séduire.

Thorgunna refuse de lui vendre quoi que ce soit, mais accepte l'hospitalité d'Aud et de son mari, un homme soumis à sa femme.

Une nuit, jalouse, Aud vole une broche à Thorgunna, qui meurt peu après, après avoir fait part de ses dernières volontés au fermier : elle ne lègue à Aud que son manteau d'écarlate et sa broche.

Stevenson, The Waif Woman, illustration N. C. WyethRefusant d'en tenir compte, Aud s'empare de tous ses biens. Alors, le fantôme de Thorgunna apparaît, le fermier meurt en mer, et Aud elle-même est frappée d'une maladie fatale.

The Waif Woman est directement inspiré d'un épisode de l'Eyrbyggja saga (ch. 50-55), connu sous le nom de Fróðárundr (« merveilles de Fróðá »), auquel il est également fait allusion dans l'Eiríks saga rauða (ch. 5). 

Après le refus de la femme du fermier, Þuríðr, sœur de Snorri goði, de respecter les dernières dispositions de Þórgunna, la ferme devient hantée par des revenants, parmi d'autres phénomènes surnaturels.

Stevenson, qui suit parfois la saga jusque dans sa formulation, a toutefois exclu de son récit les éléments les plus typiques, ainsi de la fylgja de Þórgunna prenant l'apparence d'un phoque, ou du procès (« duradómr ») fait aux revenants.

La saga était connue dans l'Angleterre victorienne grâce à la traduction de William Morris et Eiríkr Magnússon, parue sous le titre The story of the Ere-dwellers en 1892.

Les événements surnaturels qui se sont déroulés à Fróðá apparaissent également dans The Book of Dreams and Ghosts d'Andrew Lang (1897), dans une traduction du passage de l'Eyrbyggja saga due à W. A. Craigie (p. 273-287), ainsi que dans la seconde édition de Stories from the Northern sagas, par Albany F. Major et E. E. Speight (1905), qui reprend la traduction de Morris et Eiríkr Magnússon (p. 115-125)2.

The Waif Woman aurait dû faire partie du recueil Island Nights' Entertainments (1893), mais elle déplut à Fanny, la femme de Stevenson : « My wife protests against The Waif Woman », écrit l'auteur le 4 décembre 1892 à son ami et éditeur Sidney Colvin. Peut-être Fanny souhaitait-elle éviter les comparaisons avec Aud, une mégère qui impose toujours sa volonté à son mari, en se moquant de lui ou en le cajolant.

La nouvelle parut finalement à titre posthume, dans Scribner's magazine, en décembre 1916, illustrée par N. C. Wyeth.


1 Balfour, Graham. The life of Robert Louis Stevenson. New York : Charles Scribner's Sons, 1901. P. 171.
2 Wawn, Andrew. The Vikings and the Victorians. Cambridge : D. S. Brewer, 2002. P. 259.