Þjazi est un géant. Il parvient, en piégeant Loki, à se faire livrer Iðunn et ses pommes de jouvence, mais il est finalement mis à mort par les Ases.

Ce mythe est rapporté dans la Haustlöng de Þjóðólfr ór Hvíni et, de façon plus détaillée, dans l'Edda de Snorri (Skáldskaparmál, ch. 2-3).

Þjazi sous la forme d'un aigle, Óðinn, Loki et Hœnir dans le manuscrit SÁM 66Illustration de l'Edda de Snorri dans le manuscrit islandais SÁM 66 (1765-1766).
Stofnun Árna Magnússonar, Reykjavík.
Alors qu'Óðinn, Loki et Hœnir sont en voyage, ils tentent de faire rôtir un bœuf, mais en vain. Ils entendent alors un aigle leur expliquer qu'il est la cause de cet échec. Il ne leur laissera cuire la viande que s'ils lui permettent d'en manger. Affamés, les dieux acceptent.

L'aigle s'empare alors d'un morceau si considérable que Loki se met en colère et le frappe avec une perche. Mais la perche reste accrochée au dos de l'aigle et aux mains de Loki. Lorsque l'oiseau s'envole, il entraîne Loki à sa suite. Le géant n'accepte de le relâcher qu'à condition qu'il lui amène Iðunn et ses pommes de jouvence. Le dieu accepte.

De retour à Ásgarðr, Loki parvient sous un prétexte à faire venir Iðunn dans une forêt. Þjazi surgit alors sous sa forme d'aigle et s'empare de la déesse, qu'il emmène dans son domaine de Þrymheimr, dans les montagnes.

Hardy, Loki et ThiassiDorothy Hardy, Loki et Thiassi.
Illustration de Myths of the Norsemen de H. A. Guerber, 1909.
Privés des pommes qui leur assuraient une éternelle jeunesse, les dieux commencent à vieillir. Ils enquêtent alors sur la disparition d'Iðunn et interrogent Loki qui, sous la menace, leur avoue la vérité. Il s'engage toutefois à ramener la déesse, à condition que Freyja lui prête sa forme de faucon.

L'ayant obtenue, il s'envole pour le monde des géants et, trouvant Iðunn seule, il la change en noix et l'emporte dans ses serres. Lorsque Þjazi s'aperçoit de l'absence d'Iðunn, il se transforme en aigle et se lance à la poursuite de Loki.

Voyant arriver Loki et le géant, les dieux préparent un feu qu'ils allument au passage de Þjazi, enflammant ses plumes et le faisant tomber à l'intérieur d'Ásgarðr, où il est mis à mort. Dans le Hárbarðsljóð (str. 19), Þórr se vante de l'avoir tué, mais dans la Lokasenna (str. 50), Loki prétend avoir été le tout premier à participer au meurtre.

Peu après, Skaði, la fille de Þjazi, vient à Ásgarðr venger la mort de son père. Mais elle se laisse convaincre d'y renoncer à deux conditions : qu'il lui soit permis d'épouser un dieu, et que les dieux parviennent à la faire rire. Ces deux conditions sont remplies et, en guise de compensation, Óðinn jette aussi au ciel les yeux de Þjazi, qui deviennent des étoiles. Toutefois, dans le Hárbarðsljóð (str. 19), c'est Þórr qui dit avoir accompli ce geste.

Le retour d'Idun au Valhalla, Constantin Hansen Constantin Hansen, Le retour d'Idun au Valhalla.
Huile sur toile, 1862.
De nombreuses allusions à Þjazi figurent dans des textes anciens : outre les poèmes déjà cités, il en est aussi question dans plusieurs poèmes eddiques (Hyndluljóð, str. 30 ; Grottasöngr, str. 9, où il est présenté comme plus puissant que Hrungnir ; Grímnismál, str. 11, qui évoquent Þrymheimr), ainsi que dans certains poèmes scaldiques.

Þjazi apparaît dans un second récit qui figure à la suite du premier dans les Skáldskaparmál (ch. 4). Il est, avec Iði et Gangr, l'un des fils du très riche Ölvaldi. Lorsque ce dernier mourut, ses fils se partagèrent son or en en prenant chacun le même nombre de bouchées. C'est la raison pour laquelle « la bouchée de ces géants » (« munntal þessa jötna ») et « la parole ou les mots ou le discours des géants » (« mál eða orð eða tal þessa jötna ») sont des kenningar pour désigner l'or.

Même s'il n'est connu par aucune autre source, l'ancienneté de ce mythe semble attestée. En effet, plusieurs kenningar formées à partir des noms de Þjazi, Iði ou Gangr désignent désignent l’or dans la poésie scaldique (ainsi « Iðja orð », « mots d’Iði », citée dans le Troisième traité grammatical).