L'Adonias saga est une saga de chevaliers originale datant de la fin du XIVe ou du début du XVe siècle. La saga, peut-être d'origine orientale, raconte comment Adonias, fils d'un roi de Syrie tué et remplacé par un usurpateur, parvient à reconquérir son royaume.

Loth Late Medieval Icelandic Romances 3.jpgL'édition d'Agnete Loth (1963).Il existe quarante-cinq manuscrits de la saga, dont huit sur parchemin. Aucun de ces derniers n'est complet. Celui qui a servi de base à l'édition d'Agnete Loth est le manuscrit AM 593 a 4to, qui date de la deuxième moitié du XVe siècle.

Après une introduction historique remontant aux fils de Noé est introduit le roi Marslilius, qui régnait en Syrie aux temps anciens.

Il avait épousé Semerana, fille d'un roi indien, qui était très versée en astrologie. C'est ainsi, alors que le couple n'avait pas de descendance, qu'elle prédit le moment où ils concevraient un héritier.

Le jour venu, alors qu'il s'apprêtait à rejoindre sa femme, le roi fut enlevé, et ce fut Constancius, un duc du royaume, qui prit sa place auprès de la reine, sans qu'elle s'en aperçoive. Quant à Marsilius, il fut conduit auprès de Remedia, la fille de Constancius, avec qui il passa la nuit.

Deux enfants naquirent : Constantinus, fils de Semerana, et Adonias, fils de Remedia. Le roi avait passé sous silence son aventure, mais se montra distant envers Constantinus. Lors d'un banquet, il l'insulta même, s'attirant les reproches de Constancius. De colère, Marslilius menaça le duc de son épée, qui s'en empara et le tua. Il fut ensuite reconnu comme roi.

Quant à Adonias, il fut élevé en secret par sa mère. Craignant pour la vie de son fils, Remedia le confia au roi d'Espagne Lodovikus. Elle le rejoignit ensuite, et épousa le roi.

Ayant appris l'existence d'Adonias, Constancius leva une armée et se rendit en Espagne, où il fut vaincu, grâce aux renforts emmenés par Adonias. Il s'ensuivit une série de combats, tantôt en Espagne, tantôt en Syrie, où Adonias reçoit le soutien de deux duc qui sont resté fidèles à sa famille.

Après une ultime bataille, Adonias vainquit Constantinus, à qui il accorda son pardon. Puis, il s'empara de Constancius, qui, au terme d'un jugement, fut mutilé, puis pendu.

Devenu roi, ayant acquis une grande renommée, Adonias épousa la fille de l'empereur romain Théodose.

Le schéma de l'Adonias saga est extrêmement convenu. S'y retrouvent, de même, la plupart des lieux communs des sagas de chevaliers, ainsi les duels ou les batailles, dont la préparation et le déroulement sont décrits en détails.

L'Adonias saga est accompagnée, dans le manuscrit AM 593 a 4to uniquement, d'une assez longue préface, dans laquelle l'auteur dénonce la soif des biens matériels, l'avarice, et le respect indu que procure la richesse. Il dénonce aussi ceux qui parviennent à leurs fins par la flatterie ou la force, illustrant ses propos par la fable du corbeau et du renard et par celle du loup et de l'agneau. Cette préface, dont le rattachement au texte n'est cependant pas démontrée1 a conduit Sverrir Tómasson à se demander si la saga était seulement un « récit amusant » (« gamansamlig ræða », selon une formule du prologue), mettant en scène l'idéal classique du roi juste et exaltant la fidélité et la loyauté, ou bien s'il ne fallait pas y voir une allusion à un contexte plus contemporain, auquel cas la saga serait une dénonciation des familles islandaises qui concentraient entre leurs mains le pouvoir et la richesse.

Édition

  • Late Medieval Icelandic Romances. Vol. 3. Ed. by Agnete Loth. (Editiones Arnamagnæanæ. Series B. ; 22). København : Munksgaard, 1963.

Bibliographie

  • Sverrir Tómasson. The 'fræðisaga' of Adonias. In : Structure and meaning in Old Norse literature : new approaches to textual analysis and literary criticism. Ed. by John Lindow, Lars Lönnroth, Gerd Wolfgang Weber. Odense : Odense university press, 1986. The Viking Collection, 3. P. 378-393.
  • Zitzelsberger, Otto. J. Adonias saga. In : Medieval Scandinavia : an encyclopedia. Ed. by Phillip Pulsiano. New York : Garland, 1993.

 


1 Ole Widding en a proposé une édition indépendante dans Opuscula (1960).