Le manuscrit AM 152 fol. est un manuscrit islandais sur parchemin de 201 feuillets d'environ 30x24 centimètres, datant du premier quart du XVIe siècle. Il contient une collection de sagas, principalement légendaires et de chevaliers. C'est l'un des plus gros et des plus beaux manuscrits islandais.

Manuscrit islandais AM 152 fol. (feuillet 46 verso).Le feuillet 46 verso du manuscrit, contenant l'inscription « Þessa saugu hefr skrifath brodir Bjarnar Torleifssonar ».
Stofnun Árna Magnússonar, Reykjavík.
Il comprend la Grettis saga, la Hálfdanar saga Brönufóstra, la Flóvents saga, la Sigurðar saga þögla, la Þórðar saga hreðu, la Göngu-Hrólfs saga, la Þorsteins saga Víkingssonar, l'Ectors saga, la Hrólfs saga Gautrekssonar, la Mágus saga et la Gautreks saga, soit deux sagas d'Islandais, cinq sagas légendaires et quatre sagas de chevaliers. Un dernier feuillet, qui ne faisait pas partie du manuscrit d'origine, contient un fragment d'homélie en latin provenant d'un livre de messe rédigé en Islande au XIIIe siècle.

Le premier quart du manuscrit a été écrit par Þorsteinn Þorleifsson En marge de l'un des feuillets figure l'inscription : « le frère de Björn Þorleifsson a écrit cette saga ». La suite serait l’œuvre de Jón Þorgilsson, ráðsmaðr à Hólar et prêtre à Melstaður1.

Le manuscrit a été collecté par Árni Magnússon, au plus tard en 1704. Árni le tenait de Vigfús Guðbrandsson. Il est possible que le manuscrit ait appartenu à la famille de ce dernier pendant six générations, et qu'il ait déjà été en possession du lögmaður Ari Jónsson, un ancêtre de Vigfús, au plus tard en 1550. Le manuscrit AM 152 fol. est conservé à l'Institut Árni Magnússon de Reykjavík depuis 19731.

Johanna Katrin Fridriksdottir2 a tenté d'établir ce que les sagas, appartenant à des genres différents, avaient en commun. Leur rapprochement reflète une certaine vision, conservatrice, de l'organisation de la société, mais suggère aussi une dimension plus personnelle. Nombre d'entre elles mettent en avant l'importance de la loyauté entre frères, des héros sages et modérés aux prises avec des ennemis fourbes et cruels. Or, le premier scribe, Þorsteinn, mentionne son lien de parenté avec son frère (en réalité demi-frère) Björn Þorleifsson, qui pourrait être le commanditaire du manuscrit. Björn, qui appartenait à la riche famille des Skarðverjar, fut impliqué durant de longues années dans un conflit d'héritage avec un cousin. Le choix des sagas pourrait procéder d'une « campagne de relations publiques »3 destinée à démontrer, par identification, la solidité des liens entre les deux frères et la justesse de leur cause.

 


1 AM 152 1-2 fol. In : Handrit.is.
2 Johanna Katrin Fridriksdottir. Ideology and Identity in Late Medieval Northwest Iceland. A Study of AM 152 fol. Gripla XXV (2014) : 87–128.
3 Johanna Katrin Fridriksdottir, op.cit., p. 111.