Asgard est une bande dessinée de Dorison et Meyer (2012-2013) racontant la traque d'un monstre marin dans le Grand Nord scandinave à l'époque viking.

Dorison, Meyer, AsgardXavier Dorison (né en 1972 à Paris) est le scénariste à succès de plusieurs séries appartenant à des genres variés : Le Troisième Testament, W.E.S.T., Long John Silver, Les Sentinelles... Ralph Meyer (né en 1971 à Paris) a illustré Berceuse assassine, IAN, Page noire... Asgard est leur deuxième collaboration, après La Mangouste (2008), premier tome de XIII Mystery, la série dérivée de XIII. En 2015, ils ont créé ensemble la série Undertaker.

Le premier tome d'Asgard, Pied-de-fer est sorti en 2012, le second, Le Serpent-monde, en 2013, aux éditions Dargaud.

Dorison, Meyer, Asgard : le KrökenUn monstre marin – un Krökken1 – ravage les eaux du Fjördland, s'attaquant aux bateaux des pêcheurs et aux draks (sic) des guerriers du roi. Ce dernier décide de faire appel à un chasseur de monstres, Asgard. Cet ancien guerrier viking porte le nom du domaine des dieux par défi car, privé d'une jambe à la naissance (d'où son surnom « Pied-de-fer », référence à la prothèse d'acier qu'il s'est forgée), son infirmité témoignerait d'une malédiction divine, et il il aurait dû être sacrifié. Ce paria, ennemi des dieux, prend la tête d'un équipage hétéroclite et part à la poursuite du monstre qui, à mesure que se révèle sa puissance, apparaît être Jörmungand, le serpent-monde, annonciateur du Ragnarök.

Les auteurs ont puisé leur inspiration, tant dans Moby Dick de Melville que dans Thorgal, la bande dessinée créée par Van Hamme. Dorison et Meyer avaient d'ailleurs été contactés par les Éditions du Lombard pour créer un album de la série dérivée Les Mondes de Thorgal, qui met en scène des personnages secondaires2. Le projet n'a pas abouti3, mais les auteurs, qui n'étaient « ni l’un, ni l’autre des fous de vikings », ont cependant souhaité poursuivre et développer leur propre histoire de vikings4.

Ils ont voulu lui donner un arrière-plan historico-culturel crédible, mais la recherche documentaire a souvent été assez mal assimilée, entre approximations (« hilde » au lieu de « hirð » ou « hird », par exemple) et inventions pures et simples. Les deux tomes s'ouvrent ainsi par un lexique dont pratiquement chaque définition est contestable.

Dorison-Meyer-Asgard-1Y figure, en particulier, celle de « skraëling », terme qui « désignait plus généralement tous ceux qui étaient différents des Vikings, par la couleur de leur peau, leurs coutumes... ou par toute marque de naissance ». Dans le corpus médiéval5, le terme « skrælingi » est réservé aux indigènes (Amérindiens ou Paléoesquimaux) rencontrés au Vínland ou au Groenland6. Il est possible que le terme, dont l'étymologie est incertaine, soit en lien avec une faiblesse physique7, mais il n'est jamais appliqué aux estropiés tels qu'Asgard8.

En revanche, les enfants nés affligés d'une infirmité étaient sans doute voués à la mort, avant tout pour des motifs économiques et sociaux9. L'emploi fréquent du verbe « bera út » (littéralement « porter à l'extérieur »), et du nom dérivé « barnaútburðr » (« fait de porter un enfant à l'extérieur ») indique cependant que l'usage en de telles circonstances était d'abandonner l'enfant, et non de le mettre à mort de façon active, comme représenté dans la première séquence de la bande dessinée.


1 Le terme renvoie évidemment au kraken du folklore scandinave. La forme « Krökken » a été inventée pour l'occasion, de même que le nom « Krökkentödter »  (« chasseur de monstre »), dont la consonance est, du reste, plus allemande que scandinave.
2 L'un des personnages de Thorgal a pour surnom Pied d'Arbre, en raison de sa jambe de bois.
3 Mais, depuis, Xavier Dorison a été choisi pour succéder à Yves Sente, d'abord pour un album de la série dérivée Kriss de Valnor, puis pour la série Thorgal elle-même : l'album Le Feu écarlate est prévu pour novembre 2016.
5 Íslendingabók, Grœnlendinga saga, Eiríks saga rauða, Historia Norwegiae...
6 Même s'il a acquis par la suite un sens plus large : en islandais moderne, « skrælingi » signifie « barbare ».
7 C'est, par exemple, la signification du nom « skræling » en norvégien moderne.
8 Les estropiés ou mutilés se voyaient attribuer le qualificatif d'« örkumla ».
9 L'exposition des enfants a fait l'objet de nombreuses recherches. Voir, en dernier lieu, avec références aux principaux travaux antérieurs : Lawing, Sean B. The Place of the Evil. Infant Abandonment in Old Norse Society. Scandinavian Studies, 85-2 (2013), 133-150.