Eysteinn Erlendsson1 est le deuxième archevêque de Niðarós (1157-1188). Son alliance avec le roi Magnús Erlingsson et son père, Erlingr skakki lui permit de mettre en œuvre la réforme grégorienne en Norvège.

Cathedrale de Nidaros Eystein ErlendssonEysteinn sur la façade ouest de la cathédrale de Nidaros.
Sculpture d'Oscar Lynum, d'après un modèle de Stinius Fredriksen, 1935.
Eysteinn Erlendsson est issu d'une influente famille du Trøndelag. Il est possible qu'il ait étudié à l'abbaye Saint-Victor de Paris.

Il fut nommé archevêque de Niðarós en 1157 par le roi Ingi Haraldsson, dont il était l'aumônier et le trésorier (« féhirðir »). Il fut consacré par le pape Alexandre III en 1161.

À la mort d'Ingi, en 1160, il soutint Erlingr skakki et son fils Magnús, qu'il couronna en 1163 ou 1164, le premier couronnement royal en Norvège. D'un côté, Magnús voyait ainsi affirmée une légitimité contestée; de l'autre, le roi recevant sa couronne de Dieu par l'intermédiaire de l'archevêque, le pouvoir de l' Église s'en trouvait renforcé.

Eysteinn entendait en effet, en échange de son soutien, mettre en oeuvre la réforme grégorienne, qui affirme la suprématie de l'Église et son indépendance du pouvoir royal. Il obtint du roi de nombreux privilèges en ce sens : liberté de l'Église dans le choix des évêques et des abbés, compétence élargie de la juridication ecclésiastique pour ce qui concerne les clercs et les matières spirituelles, rôle des évêques dans la succession royale : une nouvelle loi de succession (1163 ou 1164) prévoyait l'existence d'un roi unique, le fils aîné et légitime du défunt roi, qui devait être reconnu par les évêques et douze hommes de chaque diocèse, qui pouvaient l'écarter s'ils le jugeaient indigne. De plus, le roi était réputé tenir le royaume en fief de saint Óláfr. L'Église reçut aussi des avantages financiers.

Lorsque la guerre civile tourna à l'avantage des Birkibeinar et de Sverrir Sigurðarson contre Magnús, Eysteinn dut, en 1180, s'exiler en Angleterre, d'où il excommunia Sverrir. Il renvint en Norvège en 1083 et se réconcilia avec Sverrir.

Eysteinn mourut en 1188. Il fut enterré dans la cathétrale de Niðarós. Les évêques norvégiens le proclamèrent saint en 1229. Cette canonisation n'a jamais été reconnue par Rome, qui autorise toutefois à fêter Eysteinn le 26 janvier.

Eysteinn est à l'origine de la construction de la cathédrale de Niðarós, et c'est à son séjour en Angleterre qu'elle doit son style gothique. Il est aussi le fondateur des monastères augustiniens de Kastelle à Konungahella et de Elgeseter à Niðarós.

L'Historia de antiquitate regum Norwagiensium de Theodoricus monachus est dédiée à Eysteinn. Les Passio et miracula beati Olavi sont attribués à l'archevêque lui-même. Il est aussi l'auteur d'un code de droit canon aujourd'hui disparu, le Gullfjöðr (« Plume dorée »).


1 Øystein Erlendsson en norvégien moderne.