La Flóamanna saga (« Saga des hommes de Flói ») est une saga d'Islandais composite, aux influences nombreuses.
Il existe deux rédactions de cette saga. L'une, la plus longue, est considérée comme plus proche de l'original, mais seuls des fragments ont été conservés. L'autre, plus récente, est une version raccourcie. Elle est datée du début du XIVe siècle.
Þorgils est issu d'une famille norvégienne ayant quitté la Norvège pour la région de Flói, dans le sud de l'Islande, suite à un conflit avec le roi Haraldr hárfagri. À l'âge de quinze ans, il partit pour la Norvège pour tenter de récupérer les domaines qui avaient appartenu à ses ancêtres, mais il se heurta à l'hostilité de la reine Gunnhild konungamóðir. Le jarl Hákon Sigurðsson s'engagea à les lui restituer s'il se rendait aux Hébrides pour y collecter le tribut qui lui était dû. Þorgils s'acquitta de sa mission. Pour avoir tué un berserkr, il obtint par ailleurs la main de la fille d'un jarl. Rentré en possession de ses biens, il mena ensuite une expédition viking avant de retourner en Islande.
Lorsque l'île se convertit au christianisme, Þorgils fut l'un des premiers à se faire baptiser. Suite à sa conversion, Þórr lui apparut plusieurs fois dans des rêves menaçants. Þorgils partit ensuite pour le Groenland, à l'invitation d'Eiríkr le Rouge, accompagné de sa deuxième femme et de son fils. La traversée fut extrêmement difficile, car Þórr avait maudit Þorgils, qui resta cependant fidèle à la foi chrétienne. Les colons finirent par s'échouer dans une baie isolée du Groenland. Ils souffrirent de la faim, furent victimes d'une épidémie, et ceux qui périssaient devenaient des morts-vivants. La femme de Þorgils fut tué par des esclave, alors qu'elle venait de mettre au monde un fils que Þorgils dut nourrir au sein. Finalement, Þorgils et ses compagnons parvinrent à rejoindre Eiríkr, mais les relations se détériorèrent entre les deux hommes, et Þorgils rentra en Islande, où il mourut à l'âge de quatre-vingt-cinq ans.
La Flóamanna saga est une oeuvre extrêmement composite, dans laquelle peuvent être identifiées quantités de sources et d'influences diverses. Le début de la saga emprunte au Landnámabók (Sturlubók). Les démêlées avec les souverains norvégiens évoquent l’Egils saga. La partie qui se déroule au Groenland est inspirée de la Grænlendinga saga et de l'Eiríks saga rauða. L'influence de la littérature hagiographique et de la Bible se fait sentir dans les épisodes où Þórr, assimilé au Diable, apparaît en rêves à Þorgils et où ce dernier, malgré les menaces et les épreuves, reste ferme dans sa foi. Avec ses expéditions vikings et son épée magique, ses combats contre des berserkir et des draugar, la saga évoque aussi les sagas légendaires.
Traduction
- The Saga of the People of Floi. Transl. by Paul Acker. In : The Complete Sagas of Icelanders. Vol. III. General editor, Viðar Hreinsson ; editorial team, Robert Cook ... [et al.]. Reykjavík : Leifur Eiríksson Publishing, 1997.