Construite à partir de 1308, la forteresse de Bohus (Bohuslän), aux confins de la Norvège, de la Suède et du Danemark, a résisté à quatorze sièges.
La forteresse de Bohus (d'abord appelée Bagahus) a été construite à l'initiative du roi de Norvège Håkon Magnusson, également à l'origine de la construction d'Akerhus et de Vardøhus, à partir de 1308.
Située sur le territoire de la commune de Kungälv (Bohuslän – c'est de la forteresse que la province tire son nom), elle se situe alors en Norvège, non loin des frontières avec la Suède – qui ne dispose que d'un corridor pour accéder à la mer Baltique, et le Danemark – qui domine alors le Halland, au sud.
Elle est édifiée sur une colline de l'île de Bagaholm et domine le Göta älv, rivière qui se sépare en cet endroit en deux bras (Nordre älv et Göta älv).
La construction intervient dans un contexte de guerre civile en Suède, entre les fils du roi Magnus Ladulås : d'un côté le roi Birger, de l'autre les ducs Erik et Valdemar. Erik était fiancé à la fille de Håkon, et s'était vu confier la forteresse voisine de Ragnhildsholmen. C'est pour contrôler l'ambition et la puissance croissantes d'Erik que fut bâtie la forteresse.
D'abord simple bâtiment en bois, elle fut transformée en château en pierre – en partie en utilisant les pierres de Ragnhildsholmen, à qui elle succéda comme verrou de la frontière sud-est de la Norvège, et son architecture a connu de nombreuses évolutions, notamment pour tenir compte du progrès des armements. Ainsi, sous le règne du roi de Danemark et de Norvège Christian IV (1588-1648), fut construite une nouvelle enceinte extérieure, pourvue de bastions, pour résister aux tirs d'artillerie.
Située à un emplacement stratégique, la forteresse, qui devint suédoise, avec le Bohuslän, lors du traité de Roskilde en 1658, a été assiégée à quatorze reprises, sans jamais être conquise. L'épisode le plus célèbre est celui qui vit, en 1566, pendant la guerre nordique de Sept Ans (1563-1570), les Suédois s'emparer de la Tour Rouge, avant que les Danois ne fissent sauter son dépôt de munitions, provoquant l'explosion de la tour et envoyant les Suédois voler comme des corbeaux, selon un témoignage contemporain. Bohus résista encore durant deux mois, à l'été 1678, assiégée par plus de 10 000 soldats dano-norvégiens et cible de bombardements intenses, pendant la guerre de Scanie (1675-1679). Le Danemark parvint alors à conquérir tout le Bohuslän, à l'exception de la forteresse.
La forteresse de Bohus fut aussi un centre administratif, et servit occasionnellement de résidence royale, notamment pour le roi Magnus Eriksson, fils du duc Erik, qui régna à la fois sur la Norvège (1319-1343) et la Suède (1319-1363), et son épouse Blanche de Namur. La reine Marguerite y séjourna également.
La forteresse fut reconstruite après la guerre de Scanie – le siège avait causé d'importants dégâts – en particulier la tour dénommée Fars hatt (« Chapeau du père »), la seule encore visible aujourd'hui qui, de carrée à l'origine, devint alors ronde.
Cependant, le Bohuslän désormais définitivement acquis à la Suède, la forteresse perdit son intérêt stratégique, puis ses fonctions administratives – le gouverneur s'installa en 1700 à Göteborg, fondée 80 ans plus tôt.
Au XVIIIe siècle, elle servit principalement de prison. Son prisonnier le plus célèbre est le piétiste Thomas Leopold, qui y resta enfermé 32 ans, accusé d'hérésie, et y mourut en 1771.
En 1786, l'armée suédoise abandonna Bohus, et son démantèlement débuta en 1789. Les habitants de Kungälv reçurent le droit d'y récupérer des pierres et autres matériaux.
Conscient de la valeur historique du site, le roi Karl XIV Johan – ci-devant maréchal Bernadotte – mit un terme à sa destruction. Les premiers travaux de restauration eurent lieu en 1900.
La gestion du domaine, devenu un site classé en 1935, est aujourd'hui assurée par le Statens fastighetsverk. Ouvert au public, il accueille environ 40 000 visiteurs par an.