Munkholmen est un îlot situé au large de Trondheim. Ce fut un lieu d'exécution avant d'accueillir un monastère, puis une forteresse.

Munkholmen

Niðarhólmr (« îlot de la Nið1») apparaît d'abord dans les sources comme un lieu d'exécution. L'Óláfs saga Tryggvasonar de Snorri Sturluson rapporte ainsi les événements survenus après la mort du jarl des Hlaðir Hákon, assassiné par son esclave Karkr, et la mise à mort de Karkr sur ordre du roi Óláfr (ch. 50) : « alors le roi Ólafr et un grand nombre de bóendr avec lui se rendirent sur Niðarhólmr, emportant avec eux les têtes du jarl Hákon et de Karkr. Cette îlot servait alors de lieu d'exécution pour les voleurs et les malfaiteurs. Il s'y trouvait un gibet et Ólafr y fit mettre les têtes du jarl Hákon et de Karkr. Toute l'armée y vint en criant, les lapidant, disant qu'il devait en aller de ce scélérat (« níðingr ») comme des autres scélérats ».

Plus tard, un monastère bénédictin fut fondé sur l'île, d'où son nom aujourd'hui : Munkholmen signifie « îlot des moines ». Il s'agit de l'un des plus anciens monastères norvégiens, même si sa date de création est incertaine : 1028 selon les sources anglaises, vers 1100 pour les les sources scandinaves. Matthew Paris, un moine bénédictin qui fut envoyé en mission à Niðarhólmr en 1248, affirme ainsi que la fondation du « cœnobium Sancti Benedicti de Holm » remonte à Knútr le Grand (Chronica majora, vol. V, p. 42). La chronique attribuée à John Brompton, rédigée au XVe siècle, reprend la même information. Les sources scandinaves, qui semblent plus crédibles, affirment en revanche que le monastère date du règne de Magnús berfœttr. Consacré à saint Benoît et saint Laurent, il aurait été fondé par Sigurðr ullstrengr, lendr maðr du roi et alors possesseur de l'île.

C'est notamment ce qu'affirme Theodoricus, l'auteur de l'Historia de antiquitate regum Norwagiensium, qui a peut être été moine à l'abbaye de Niðarhólmr (ch. 31), ainsi que l'auteur de la Saga légéndaire de Saint Óláfr (ch. 75). Le monastère a aussi accueilli le roi Magnús Sigurðsson après qu'il eut été vaincu et mutilé par son oncle Haraldr gilli, jusqu'à ce que Sigurðr slembidjákn vienne l'y chercher. Après l'introduction de la Réforme, le dernier archevêque de Nidaros, Olav Engelbrektsson, y passa l'hiver 1536/1537. L'île fut assiégée et ses partisans durent se rendre. Le monastère fut alors abandonné et tomba en ruines.

Après l'occupation suédoise de Nidaros en 1658 et la reconquête de la ville en 1659, une forteresse fut édifiée sur Munkholmen, notamment à partir des pierres du monastère. Elle servit aussi de prison d'État jusqu'au milieu du XVIIIe siècle : Peder Schumacher Griffenfeld, ancien chancelier du royaume, y fut ainsi emprisonné de 1680 à 16982. En 1797, un phare fut bâti. Le fort fut abandonné en 1893 mais, pendant la Seconde Guerre mondiale, l'île abrita une batterie de missiles sol-air allemands, destinée à protéger la base sous-marine voisine. Aujourd'hui, Munkholmen est un lieu de sortie estivale, dédié à la détente, avec sa plage et son café, et au tourisme : il est possible d'y visiter ce qui subsiste de la forteresse.


1 La Nið, aujourd'hui Nidelva, est la rivière qui se jette à Trondheim, et qui a donné son ancien nom à la ville : Niðarós, c'est-à-dire « embouchure de la Nið ».
2 Victor Hugo l'évoque dans Han d'Islande (1823) : « Au milieu du port, à une portée de canon du rivage, s’élève, sur une masse de rochers battus des flots, la solitaire forteresse de Munckholm, sombre prison qui renfermait alors un captif célèbre par l’éclat de ses longues prospérités et de ses rapides disgrâces » (ch. II).