Le tøglag (« mètre du voyage ») ou tøgdrápulag (« mètre de la drápa du voyage ») est un mètre combinant les quatre syllabes du fornyrðislag et les allitérations et les rimes internes du dróttkvætt.

Si l'on tient pour inauthentique la strophe dans laquelle Bragi s'adresse à une femme troll, le premier usage du tøglag est l'œuvre de Þórarinn loftunga, dans sa Tøgdrápa (vers 1028), composée en l'honneur du roi d'Angleterre et de Danemark Knútr le Grand. C'est sans doute de ce poème que ce mètre tient son nom. Le helmingr suivant, qui en est extrait, illustre ses caractéristiques :

Uggðu Eir
örbeiðis för
svans siglana
sökrammir mjök
 
Tøgdrápa dans le Flateyjarbók Ce helmingr dans le Flateyjarbók.
Stofnun Árna Magnússonar, Reykjavík.

Chaque ligne compte quatre syllabes, comme dans le fornyrðislag et, comme dans le dróttkvætt, les lignes sont liées deux à deux par une allitération dont la clé (höfuðstafr) se trouve dans la première lettre du premier mot de chaque ligne paire (soulignée). Les lignes impaires contiennent une demi-rime (en italique), et les lignes paires une rime pleine (en gras).

Une dizaine d'année après Þórarinn, Sigvatr Þórðarson employa également le tøglag dans sa Knútsdrápa. Le choix d'un mètre dérivé d'un mètre eddique, plus simple que le mètre scaldique, pourrait en conséquence traduire le souci de s'adapter à la cour anglo-danoise du roi Knútr, où la poésie scaldique était plus difficilement comprise1. Cependant, la quantité de contraintes à respecter dans un nombre de syllabes aussi réduit rend très complexe la composition en tøglag.

C'est ce qui explique sans doute qu'il soit demeuré peu usité. Il a toutefois encore été employé au XIIe siècle par Þórarinn stuttfeldr dans sa Stuttfeldardrápa et par Einarr Skúlason dans sa Haraldsdrápa2.


1 Vries, Jan de. Altnordische Literaturgeschichte. 3., unveränd. Aufl. in einem Bd. Berlin : de Gruyter, 1999. Bd I, p. 230.
2 Voir les différents usages du tøglag et des ses variantes sur Skaldic Poetry of the Scandinavian Middle Ages.