Viking Apocalypse est un documentaire diffusé sur National Geographic (2011) et consacré à la découverte, dans le Dorset, de squelettes décapités remontant à la période viking.
En 2009, lors de travaux de construction d'une route, 54 squelettes d'hommes décapités sont retrouvés, corps d'un côté, crânes de l'autre, dans le Dorset (sud-ouest de l'Angleterre). La fosse commune se situe au carrefour d'une ancienne voie romaine, reliant la mer à Dorchester, et du Ridgeway, une voie de communication préhistorique. En l'absence d'objets retrouvés dans la fosse, seules la datation par le carbone 14 permet de fournir la date du massacre : entre 980 et 1030, une période durant laquelle les vikings pillent à nouveau les côtes anglaises. L'analyse de la composition isotopique du strontium et de l'oxygène contenus dans l'émail des dents des victimes révèle, quant à elle, une origine nordique.
L'archéologue danoise Britt Baillie écarte plusieurs hypothèses : il ne s'agit pas de victimes d'un combat, car les squelettes ne présentent pratiquement pas de cicatrices de bataille ; ces hommes ne furent pas tués non plus lors du massacre de la Saint-Brice, le 13 novembre 1002, lorsqu'Æthelred ordonna la mise à mort de tous les Danois présents en Angleterre, car les blessures ne sont pas comparables à celles – multiples – reçues par des victimes retrouvées dans des tombes associées au massacre.
Le fait que les victimes aient été décapitées de face, sans doute d'un seul coup d'épée, rappelle à Britt Baillie la fin de la Jómsvíkinga saga. Lorsque les vikings ayant survécu à la bataille de Hjörungavágr sont exécutés, l'un d'eux déclare : « Je suis content de mourir, comme tous nos camarades. Mais je ne veux pas me laisser abattre comme un mouton ; je préfère faire face au coup ». Ce comportement aurait pu servir d'exemple.
Par ailleurs, dans les dents de certaines victimes, des sillons horizontaux ont été limés, un phénomène déjà observé en Suède et au Danemark par Caroline Arcini1. Britt Baillie suggère que Harald à la Dent bleue aurait pu avoir les dents ainsi limées, et les sillons colorés, et que c'est de là que proviendrait son surnom. Or, Harald est présenté dans certaines sources comme le fondateur des vikings de Jómsborg.
Dans la mesure où le Æthelred eut recours à des mercenaires vikings pour défendre son pays, peut-être les hommes tués au Dorset Ridgeway faisaient-il partie d'une bande de mercenaires, à l'image des vikings de Jómsborg. Comme le fit en 1001 un certain Pallig, évoqué dans la Chronique anglo-saxonne, ils auraient pu trahir le roi. Capturés par surprise – d'où l'absence de traces de combat sur les squelettes, ils auraient été punis de mort.
Quant au lieu de l'exécution, à proximité d'un ancien tertre funéraire, il serait à la fois symbolique – il se serait agi d'associer les traîtres à la dimension maléfique qu'avaient acquis les tertres datant de la période païenne, et pratique : le tertre, placé à proximité d'un chemin très fréquenté, avait une forte visibilité, et les têtes de certaines victimes auraient pu être plantées sur des pieux, afin de servir d'avertissement.