Viking Tales (1902) est un récit pour enfants de Jennie Hall. Il raconte l'histoire des explorations vikings à l'Ouest et présente leurs us et coutumes.

Victor R. Lambdin, illustration de Viking Tales de Jennie Hall, Harald engagé dans une bataille navaleLe roi Harald engagé dans une bataille navale2.Jennie Hall (1875-1921) a enseigné l'histoire à la Chicago Normal School, alors dirigée par Francis Wayland Parker1, puis l'histoire et l'anglais à la Francis W. Parker School, toujours à Chicago.

Elle est l'auteur de plusieurs ouvrages historiques pour la jeunesse, destinés à être utilisés en classes d'écoles primaires. Ils concernent principalement la Grèce antique : Four Old Greeks (1901), Men of Old Greece (1905), Life in Ancient Greece (1911), Buried Cities (1922). Elle a aussi écrit The Story of Chicago (1911) et Our Ancestors in Europe (1916).

Viking Tales a été publié en 1902 à Chicago chez Rand McNally & Co, avec des illustrations de Victor R. Lambdin.

L'ouvrage se divise en deux parties égales : In Norway et West-Over-Seas.

In Norway est centré sur la figure du roi Harald (Hårfagre). Jennie Hall puise son inspiration dans la Hálfdanar saga svarta et la Haralds saga ins hárfagra pour raconter la vie de Harald : son enfance, sa conquête de toute la Norvège, son mariage avec Gyda (et l'origine de son surnom). Cette partie est riche en récits d'expéditions vikings et de batailles.

Victor R. Lambdin, illustration de Viking Tales de Jennie Hall, Ingolf fait voile vers l'IslandeIngolf fait voile vers l'Islande.In Norway évoque aussi les Norvégiens refusant de se soumettre à l'autorité de Harald, et partant chercher de nouvelles terres à l'Ouest – un motif classique dans les sagas. De là la transition avec West-Over-Seas, consacrée à la navigation et aux découvertes des vikings « à l'Ouest au-delà des mers ».

Un long premier chapitre est consacré à la colonisation de l'Islande par Ingolf (Arnarson). Il est inspiré de la Landnámabók. Les sagas du Vinland servent ensuite de source à la découverte et à la colonisation du Groenland par Eric le Rouge, puis à la découverte du Wineland par Leif, et enfin à la tentative de colonisation menée par Thorfinn.

Tout le livre est donc structuré par l'émigration à l'Ouest à partir de la Norvège, qui s'achève avec la découverte de l'Amérique, événement naturellement de première importance puisqu'il s'agissait d'enseigner à des enfants américains.

Le récit permet aussi une présentation de la société scandinave à l'âge viking : mentalités, croyances (les mythes, les sacrifices, les coutumes funéraires), vie quotidienne (l'habitat, la nourriture, le vêtement).

Victor R. Lambdin, illustration de Viking Tales de Jennie Hall, Thorfinn commerce avec les indigènes du WinelandThorfinn commerce avec les indigènes au Wineland.Viking Tales s'inscrit en effet dans une perspective pédagogique : il s'accompagne de quatre pages de « suggestions aux professeurs », proposant par exemple que les enfants s'initient au travail du bois ou du métal dans l'esprit de l'artisanat viking ou les invitant, de façon encore plus ambitieuse, « à devenir scaldes et à composer des chants à la manière norroise ».

L'ouvrage comprend encore une bibliographie, comprenant notamment des traductions de sagas, que l'auteur espère donner aux enfants l'envie de découvrir.

Viking Tales donne dans l'ensemble une image héroïque des vikings, montrés comme des aventuriers (« j'ai toujours préféré les étoiles au feu enfumé d'un foyer », affirme un personnage), guerriers courageux rêvant de batailles (« la morsure de l'épée est plus douce que le baiser d'une mère », dit Harald, encore enfant), mais aussi navigateurs habiles et explorateurs intrépides.

Ces hommes, qui se sont distingués par leur courage « avaient en même temps un amour de la vérité, une courageuse endurance, une fidélité à la parole donnée qui en font des compagnons adaptés pour un enfant ». Les vikings ont ainsi valeur d'exemple.


1 Francis Wayland Parker est l'un des pionniers de l'Éducation nouvelle, une pédagogie centrée sur l'enfant, qui est un sujet actif de l'apprentissage, plutôt que le récepteur d'un savoir déjà élaboré.
2 Elle n'est pas nommée, mais correspond à la seconde bataille de Solskjel.
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