Yggdrasill est l'arbre cosmique de la mythologie nordique. Placé au centre de l'univers, il unifie les différents mondes.

Yggdrasill dans le manuscrit AM 738 4toYggdrasill dans le manuscrit islandais AM 738 4to (1680).
Stofnun Árna Magnússonar, Reykjavík.

« Trois racines
s'étendent dans trois directions
sous le frêne Yggdrasill;
Hel vit sous l'une,
sous la deuxième les géants du givre,
sous la troisième l'espèce humaine. »
Grímnismál, str. 31
 

Cette description est plus développée, et sensiblement différente, dans la Gylfaginning de Snorri Sturluson (ch. 15) :

« Le frêne est le plus grand et le meilleur de tous les arbres. Ses branches s'étendent sur le monde entier et montent jusqu'au ciel. Trois racines supportent l'arbre et se déploient largement. L'une est chez les Ases, une autre chez les géants du givre, où se trouvait autrefois Ginnungagap. La troisième se situe sous Niflheimr, et sous cette racine se trouve Hvergelmir, et Níðhöggr la ronge par en-dessous. Et sous la racine qui se dirige vers les géants du givre, il y a Mímisbrunnr, dans lequel sont dissimulés sagesse et intelligence, et le propriétaire de ce puits se nomme Mímir. [...] La troisième racine s'étend jusqu'au ciel, et sous cette racine se trouve un puits très sacré qui s'appelle Urðarbrunnr. C'est là que les dieux ont leur tribunal. Chaque jour les Ases s'y rendent à cheval en empruntant Bifröst, qui est aussi appelé Ásbrú. »

La Völuspá (str. 19) n'évoque quant à elle qu'un seul puits : Urðarbrunnr.

Yggdrasill abrite un vaste bestiaire, comme l'indiquent les Grímnismál (str. 32-35) et la Gylfaginning (ch 16). Un aigle est perché à son sommet, avec un faucon entre les yeux. Un écureuil transmet les messages qu'il échange avec le dragon Níðhöggr qui, avec plusieurs serpents, ronge les racines de l'arbre. Quatre cerfs rongent son feuillage.

« Le frêne Yggdrasill
souffre davantage
que les hommes le savent:
un cerf le broute sur le dessus,
et il pourrit sur les côtés,
Niðhöggr le ronge par en-dessous. »
Grímnismál, str. 35
 

L'arbre tire probablement son nom (« coursier d'Yggr », c'est-à-dire d'Óðinn) de son rôle dans l'autosacrifice d'Óðinn : c'est à Yggdrasill que le dieu demeure pendu pendant neuf jours avant d'acquérir la connaissance des runes, et donc du savoir magique. Or, la potence était vue comme le cheval du pendu.

« Je sais que je pendis
à un arbre battu par le vent
neuf nuits entières,
blessé d'une lance
et donné à Óðinn,
moi-même à moi-même,
à cet arbre,
dont nul ne sait,
d'où jaillissent les racines. »
Hávamál, str. 138
 

Læraðr (Grímnismál, str. 25 et 26) et Mímameiðr (Fjölsvinnsmál, str. 20 et 24) sont peut-être d'autres noms d'Yggdrasill.

Les sources historiques offrent plusieurs exemples d'arbres qui sont probablement les équivalents terrestres d'Yggdrasill. C'est le cas du « très grand arbre aux larges branches, toujours vert en hiver et en été », au pied duquel se trouve une source, qui est situé à proximité du temple d'Uppsala, selon Adam de Brême dans sa Gesta Hammaburgensis ecclesiae pontificum, même si « personne ne sait à quel espèce il appartient » (Livre IV, scholie 138). C'est le cas, également, des arbres tutélaires attachés à certaines fermes. En dehors de la Scandinavie, la colonne sacrée des Saxons, Irminsûl, renvoie à une conception identique.

Le concept d'arbre du monde pourrait être d'origine orientale, iranienne en particulier. La représentation d'Yggdrasill pourrait également dériver du chamanisme : l'arbre symbolise en effet le chemin employé par le chaman pour passer d'un monde à un autre.