L’Atlakviða (« Chant d'Atli ») est un poème héroïque de l'Edda. Il rapporte la chute des Burgondes et la mort d'Atli.

Gunnarr et Högni sont invités à rendre visite à Atli. De grandes richesses leur sont promises s'ils acceptent. Gunnarr fait valoir qu'ils possèdent déjà davantage de richesses que ce qu'Atli peut leur offrir. Mais Guðrún leur a fait parvenir un anneau autour duquel est enroulé un poil de loup pour les avertir d'un danger, et Gunnarr refuse de se dérober.

Gunnar Fonts baptismaux-NorumGunnar dans la fosse aux serpents, représenté sur les fonts baptismaux de l'église de Norum (Bohuslän), vers 1100.
Historiska museet, Stockholm.
Lorsqu'ils arrivent chez Atli, malgré un nouvel avertissement de Guðrún, les deux frères sont faits prisonniers. Atli demande à Gunnarr s'il est disposé à racheter sa vie. Gunnarr exige auparavant de voir le cœur de Högni. On lui apporte le cœur d'un serviteur d'Atli, mais Gunnarr ne reconnaît pas cet organe frémissant comme celui de son frère. Alors, le cœur de Högni lui est arraché vif et présenté à Gunnarr. Celui-ci, désormais assuré qu'il est le seul à connaître l'emplacement du trésor des Niflungar, refuse de révéler en quel endroit du Rhin il repose. Guðrún maudit Atli tandis que Gunnarr est conduit dans une fosse à serpents où il meurt en jouant de la harpe.

Lorsqu'Atli rentre à sa halle, Guðrún lui sert à manger et à boire. Elle annonce ensuite à son mari que la nourriture qu'il vient d'avaler était en réalité les cœurs de leurs fils Erpr et Eitil. Puis, profitant de son ivresse, elle le tue avant de mettre le feu à la halle, provoquant ainsi la mort de tous ses occupants.

L’Atlakviða est l'un des plus anciens poèmes eddiques. Il est généralement daté de la fin du IXe siècle. Quant à son origine, le copiste du Codex Regius indique le Groenland. La date de rédaction, antérieure à la colonisation de l'île, conduit à écarter cette affirmation, qui provient sans doute d'une confusion avec l'Atlamál in grœnlenzku, qui traite du même sujet. Le poème aurait plutôt été rédigé en Scandinavie continentale, vraisemblablement en Norvège1.

L’Atlakviða est composé de quarante-six strophes, principalement rédigé en málaháttr, mais certaines en fornyrðislag. Ces mètres différents, combinés à un style changeant, ont conduit de nombreux chercheurs à supposer l'existence de plusieurs auteurs, jusqu'à quatre2, mais il est aussi possible d'y voir les variations de style d'un poète talentueux3.

Il s'agit d'un poème bref, allusif, qui se concentre sur les situations critiques, les éléments d'arrière-plan étant supposés connus de l'audience. Il en résulte une intensité dramatique qui donne un relief particulier à l'héroïsme des uns et à la cruauté des autres.

L’Atlakviða repose sur des éléments historiques : d'une part, la défaite des Burgondes du roi Gundaharius face aux Huns (mais en l'absence d'Attila) en 437 ; d'autre part la mort d'Attila, survenue en 453 la nuit de ses noces avec une jeune fille d'origine germanique, certaines versions évoquant un assassinat perpétré par la jeune épouse. C'est sur ces bases qu'est née, peut-être chez les Burgondes4, une légende dont l’Atlakviða constitue la plus ancienne version scandinave connue. La façon dont elle s'est transmise des Burgondes aux Scandinaves demeure incertaine.

La légende est également évoquée dans des oeuvres plus tardives : l’Atlamál, la Völsunga saga, le Niebelungenlied.

 


1 Dronke, Ursula. Introduction de : Atlakviða. In : The Poetic Edda. Ed. with transl., introd. and commentary by Ursula Dronke. Vol. 1, Heroic poems. Oxford : Clarendon Press, 1969. P. 45.
2 Becker, John. Die Atli-Lieder der Edda. Beiträge zur Geschichte der deutschen Sprache und Literatur. 33 (1908). P. 193–285.
3 Dronke, op. cit., p. 29.
4 Dronke, op. cit., p. 33.