La Hálfdanar saga Brönufóstra est une saga légendaire typique, mettant en scène les aventures de Hálfdan, qui bénéficie de la protection de la géante Brana.
Hálfdan est le fils du roi de Danemark Hríngr, dont le royaume est conquis par une armée conduite par un bersererkr nommé Sóti, désireux d'épouser la princesse Íngibjörg.
Les deux enfants sont mis à l'abri par Þorviðr, un jarl du défunt roi, qui les envoie ensuite chez son frère, jarl au Bjarmaland.
À l'âge de douze ans, Hálfdan demande à partir en expédition, et le jarl lui fournit des navires. Mais, au retour, ils sont pris dans une tempête, et le dreki de Hálfdan échoue au Helluland.
Alors qu'il était parti chasser, Hálfdan découvre dans une montagne une caverne, dans laquelle un couple de trolls est en train de se nourrir de chair humaine et de la viande de cheval. Il les affronte et les tue, à l'aide d'une épée arrivée providentiellement. Il libère ainsi une jeune femme, Hildr, et ses deux frères, Sigmundr et Sigurðr, enfants d'un jarl d'Écosse, et s'empare d'un riche butin.
Plus tard, Hálfdan et les deux frères affrontent trois géantes (« flagðkonur »). L'une d'elle se nomme Brana. C'est elle qui a fourni à Hálfdan l'épée qui l'a sauvé dans la caverne. Elle lui explique qu'elle est la fille d'une princesse enlevée par un géant, et qu'elle est au service de cette race.
Hálfdan et ses compagnons aident Brana à tuer tous les géants. Ils séjournent ensuite dans sa caverne tout l'hiver, et Hálfdan passe les nuits en sa compagnie.
Au moment de repartir, Hálfdan apprend de Brana qu'elle est enceinte. Elle lui conseille de se rendre en Angleterre, pour y épouser la fille du roi, Marsibil, et lui offre trois présents : des herbes, qui feront naître l'amour de la princesse ; une armure, qui le protègera de tous les dangers ; un anneau, qui le préviendra des intentions de ses ennemis.
Après une halte dans l'île de Hlaðeyjar, où règne une femme nommée Hlaðgerðr, Hálfdan est accueilli à la cour du roi d'Angleterre. Là, les herbes magiques de Brana lui permettent de vainre les réticences de Marsibil.
Mais il est ensuite confronté à Áki, en charge de la défense du royaume, qui, jaloux des faveurs dont bénéficie Hálfdan, tente de le tuer à plusieurs reprises, notamment lors d'un tournoi, et s'en prend à sa sœur. Les interventions de Brana font cependant échouer ses manœuvres, même s'il parvient à tuer Sigmundr. Hálfdan se venge en le mutilant.
Puis il reconquiert son royaume, avec les navires offerts par Marsibil, auxquels s'ajoutent ceux mis à sa disposition par Hlaðgerðr. Mais, en mourant, Sóti lui jete un sort qui lui fait oublier Marsibil.
C'est Brana – qui a eu une fille de son union avec Hálfdan – qui lui fait recouvrer la mémoire. Hálfdan retourne alors en Angleterre, où il épouse finalement Marsibil, et la saga se conclut par une série de mariages1 et de festivités.
Hálfdan et Marsibil règnent sur le Danemark, puis également sur l'Angleterre. Ils ont un fils nommé Ríkarðr, et « certains disent que ce Ríkarðr aurait été le père d'Áli flekkr », héros de la saga qui porte son nom.
La Hálfdanar saga Brönufóstra est une saga légendaire qui relève typiquement de la sous-catégorie des sagas d'aventure (« Abenteuersagas »). Dépourvue de tout fondement historique, elle aborde le thème des voyages aventureux en des territoires lointains, les motif de la vengeance ou de la quête d'une épouse, se conclut heureusement, avec une série de mariages, et se compose d'un mélange d'influences : traditions nordiques, mais aussi celtiques, littérature courtoise française ou allemande et motifs de de contes de fées.
Composée vers 1300, la saga est conservée dans trois manuscrits sur vélin bien plus tardifs (AM 152 fol. – le seul dans lequel elle figure en intégralité, AM 589 e 4to et AM 571 4to) et de très nombreux manuscrits sur papier encore plus récents, qui attestent sa popularité, tout comme les trois cycles de rímur, composés aux XVIe, XVIIIe et XIXe siècles.
Pour autant, la saga a relativement peu retenu l'attention de la recherche, qui y a vu, tout au plus, « a well-constructed tale » destiné à distraire d'« unsophisticated readers and audiences2 ».
Elle a cependant fait l'objet de plusieurs études de la part de Peter A. Jorgensen3, qui s'est notamment intéressé à l'affrontement de Hálfdan contre un couple de trolls, qu'il a rapproché des combats de Beowulf contre la mère de Grendel, pour conclure que « « the saga's description of the trek to the cave and the battle with the female monster are closer to the Old English epic version than is the famous Grettis saga or any other single Old Norse saga4 ».
La Hálfdanar saga Brönufóstra a aussi été étudiée sous l'angle du thème de la géante comme mère adoptive (le nom « fóstr » renvoie à l'adoption ou à l'éducation d'un enfant) et/ou maîtresse, ainsi que conseillère et protectrice du héros, qu'elle soit simplement utilisée à titre d'exemple d'un type qui se rencontre fréquemment dans les sagas légendaires, en particulier5, ou que le personnage de Brana ait été le sujet d'une étude plus spécifique6.
La Hálfdanar saga Brönufóstra a cependant fait l'objet d'une traduction et d'un commentaire détaillé de la part de Mathias Kruse, qui s'est livré à une étude de ses différents motifs et de leurs équivalents dans la littérature norroise.
Traductions
- Hannah, Robert. The Saga of Halfdan, Foster-Son of Brana. Seminar for Germanic Philology : Yearbook 4 (1981). P. 9-27.
- Kruse, Mathias. Die Geschichte von Halfdan, dem Schützling der Brana : Übersetzung und Kommentar. München : Herbert Utz Verlag, 2009. (Münchner nordistische Studien ; Bd. 4).