Le Halldórs þáttr Snorrasonar hinn fyrri ou Halldórs þáttr Snorrasonar I (« Premier dit de Halldórr Snorrason ») est un þáttr mettant en scène Halldórr Snorrason, mais qui a pour figure centrale le roi Óláfr Tryggvason. Il a une vocation édifiante, mettant en avant les valeurs chrétiennes de pardon et de réconciliation.

Flateyjarbok 67vLe début du Halldórs þáttr Snorrasonar I dans la Flateyarbók.
Stofnun Árna Magnússonar, Reykjavík.
Halldórr, fils de Snorri goði, séjournait auprès du chef norvégien Einarr Þambarskelfir. Il tua Kali, un parent d'Einarr, qui l'avait calomnié. Sur les conseils de Bergljót, la femme d'Einarr, Halldórr remit sa vie entre les mains de son hôte.

Einarr raconta alors une anecdote survenue après la bataille de Svöldr. Avec deux de ses compagnons, il avait été fait prisonnier par les Danois. Ils furent vendus comme esclaves à un homme masqué – plus tard identifié comme le roi Óláfr Tryggvason – qui leur rendit la libérté. En retour, il exigea d'Einarr qu'il accorde la liberté à un homme qui l'aurait gravement offensé et qu'il tiendrait en son pouvoir.

Einarr fit donc ce qu'Óláfr avait exigé de lui des années plus tôt et se réconcilia avec Halldórr.

Halldórr Snorrason, compagnon du roi Haraldr harðráði, notamment lors de son séjour à Miklagarðr, est un personnage bien connu des sagas islandaises. Il est le héros d'un second þáttr, conservé dans la Morkinskinna.

Le Halldórs þáttr Snorrasonar I fait lui partie de la rédaction de l'Óláfs saga Tryggvasonar en mesta dans la Flateyjarbók (sous deux formes différentes) et dans les manuscrits et AM 62 fol. et AM 54 fol. Plus récent que son homonyme (mais l'histoire qu'il rapporte se déroule plus tôt dans la vie de Halldórr, d'où le qualificatif de premier), il a été composé au XIIIe, voire au XIVe siècle.

Le þáttr est un exemplum puisant son inspiration dans les évangiles et s'inscrivant dans la mouvance du culte d'Óláfr. L'auteur pourrait d'ailleurs avoir trouvé certains des éléments de son þáttr dans l'Óláfs saga d'Oddr Snorrason ou celle de Gunnlaugr Leifsson, l'une et l'autre rédigées au monastère de Þingeyrar.

Óláfr est ici une figure christique : comme resuscité d'entre les morts (il a disparu lors de la bataille de Svöldr), il apparaît à ses hommes tel le Christ à ses disciples, et comme le Christ rédempteur rachète le genre humain, Ólafr rachète, littéralement, ses hommes faits prisonniers. Le message qu'il adresse à Einarr est une injonction au pardon, valeur chrétienne par excellence.

La rencontre entre Óláfr et ses hommes présente de nombreux parallèles avec l'apparition du Christ à ses disciples sur le chemin d'Emmaüs (évangile selon saint Luc, 24), ainsi que certains points communs avec l'apparition aux apôtres sur le bord de la mer de Tibériade (évangile selon saint Jean, 21).

Édition

Traductions

  • Le Dit de Halldórr Snorrason I. In : Boyer, Régis. Les Sagas miniatures (þættir). Paris : Les Belles Lettres, 1999.
  • The Tale of Halldor Snorrason I. Transl. by Anthony Maxwell. In : The complete sagas of Icelanders, including 49 tales. Vol. V. General editor, Viðar Hreinsson ; editorial team, Robert Cook et al. ; introduction by Robert Kellogg. Reykjavík : Leifur Eiríksson Publishing, 1997.

Source

  • Harris, Joseph. Christian Form and Christian Meaning in Halldórs þáttr I. In :  The Learned and the Lewed. Studies in Chaucer and Medieval Literature. Ed. by Larry D. Benson. Cambridge, Mass. : Harvard University Press, 1974. P. 249-264.