Harald Klak est un roi de Danemark (812-813 et 819-827). Baptisé avec pour parrain l'empereur Louis le Pieux, il est le premier roi scandinave à devenir chrétien.

Récit du baptême de Harald dans les Annales regni Francorum.
Codex Vindobonensis 510, dernier quart du X^e siècle.
Vienne, Österreichische Nationalbibliothek.La source la plus complète et la plus contemporaine sur la vie de Harald sont les Annales regni Francorum (années 812 à 827). Il est évoqué dans d'autres textes de la période carolingienne, mais aussi dans des œuvres bien plus récentes, telles que la Gesta Hammaburgensis ecclesiae pontificum d'Adam de Brême (Livre I, 15) ou les Gesta Danorum de Saxo Grammaticus (Livre IX). Dans ce dernier ouvrage, il est l'adversaire de Regnerus Lothbrog (et de son ancienne épouse Lathgertha).

Harald est le fils d'un chef danois nommé Halfdan, peut-être celui qui, en 807, s'était soumis à Charlemagne, selon le témoignage du Poeta Saxo.

Le roi Godfrid, qui était entré à plusieurs reprises en conflit avec Charlemagne, fut assassiné en 810. Son frère Hemming régna après lui, mais mourut en 812. Sa succession déclencha un conflit entre prétendants, au terme duquel Harald et son frère Reginfrid accédèrent au trône.

Ils négocièrent la paix avec Charlemagne, en échange du retour de leur frère Hemming.

Cependant, dès 813, les frères furent chassés par les fils de Godfrid. L'année suivante, ils échouèrent à reconquérir le pouvoir. Reginfrid fut tué, en même temps que le fils aîné de Godfrid.

En 814, Harald se réfugia auprès du nouvel empereur Louis le Pieux, et « se recommanda dans ses mains ». Louis lui promit son aide, que Harald alla attendre en Saxe.

Ce faisant, Louis poursuivait la politique de son père Charlemagne qui, en plusieurs occasions, avait accueilli des souverains déchus et leur avait apporté son aide. Il cherchait ainsi à acquérir un allié dans un royaume devenu voisin de l'Empire depuis la conquête de la Saxe, achevée en 804. Peut-être avait-il aussi pour objectif la propagation du christianisme, même si, dans un premier temps, Harald demeura païen.

Louis le Pieux dans le De laudibus sanctae Crucis de Raban Maur (manuscrit Reg. lat. 124).
Bibliothèque apostolique vaticane.En 815, des troupes de Saxons et d'Adobrites pénétrèrent dans le Jutland. Cependant, les fils de Godfrid refusèrent le combat, et la campagne fut vaine.

Harald demeura donc en Saxe, continuant à mener des expéditions au Danemark.

En 819, avec une armée d'Adobrites mise à sa disposition par l'empereur, il reconquit le pouvoir, qu'il partagea cependant avec deux des fils de Godfrid, deux autres s'enfuyant.

Ce gouvernement conjoint se révéla cependant difficile, ce qui suscita des interventions répétées de l'empereur. Ainsi, en 823, Harald demanda l'aide de Louis, qui envoya au Danemark deux comtes afin d'examiner la situation. Là, ils retrouvèrent l'archevêque de Reims Ebbon, que l'empereur avait chargé de prêcher le christianisme. Les fils de Godfrid envoyèrent également des ambassades à la cour de Louis.

En 826, Harald retrouva l'empereur à Mayence, accompagné de sa femme et d'une suite de quatre cents hommes et femmes. Les Danois reçurent le baptême, et Louis offrit à Harald le comté de Rüstringen, dans le nord de la Frise, afin qu'il puisse s'y réfugier en cas de danger. Plusieurs sources font mention de cette visite, et Ermold le Noir, dans son Poème sur Louis le Pieux, a évoqué de façon détaillée, en 350 lignes, le baptême, et notamment le parrainage de la famille royale danoise par la famille impériale, le banquet et la chasse qui suivirent, et les somptueux présents faits aux Danois.

Harald retourna ensuite au Danemark, mais Ermold précise son fils et son neveu demeurèrent à la cour au service de l'empereur. En revanche, selon la même source, il était accompagné de missionnaires, dont le futur saint Ansgar, ainsi que l'atteste la Vita Anskari.

Ce retour n'eut qu'un temps : en 827, Harald fut chassé par les fils de Godfrid, et se retira probablement à Rüstringen.

Les présents de la famille impériale aux Danois, énumérés par Ermold le Noir.
Traduction de François Guizot (1824).Il est encore question de lui en 828, lorsqu'il mène une incursion au Danemark, faisant échouer une médiation franque. Puis, tandis que Horik, devenu le seul roi danois, négocie la paix avec l'empereur, Harald disparaît des sources, durablement ou définitivement. Il est en effet difficile d'établir si les Harald mentionnés par les différentes annales carolingiennes correspondent au même personnage.

Les Annales de Saint-Bertin rapportent ainsi qu'en 841, Harald reçut de Lothaire, fils de Louis le Pieux, Walcheren et les territoires voisins, pour le récompenser d'avoir ravagé la Frise et d'autres régions côtières. Les Histoires de Nithard confirment qu'en 852, un Harald faisait partie des commandants des troupes de Lothaire chargées de défendre le passage de la Moselle. Faute de pouvoir encore compter sur le soutien de l'empereur, Harald se serait alors retourné contre lui en passant au service de son fils rebelle.

Toutefois, il pourrait s'agir là du neveu du Harald qui fut baptisé en 826. Les Annales de Fulda rapportent, sous l'année 850, que le comptoir frison de Dorestad avait été tenu en bénéfice par Harald (mort avant cette date) et son frère Rorik. Or, les Annales de Saint-Bertin (850) indiquent que Rorik était le neveu de Harald. Il aurait donc pu exister deux générations de Harald, ce que pourraient confirmer les Annales de Xanten (850), qui connaissent également les frères Roric et Harald et qualifient ce dernier « Heriold iunior ».

La même incertitude prévaut quant au Harald dont les Annales de Fulda rapportent la mort sous l'année 852. Ce Harald avait fui la colère de Horik et s'était réfugié auprès de Louis le Germanique. Après avoir été baptisé, il avait vécu honorablement parmi les France, jusqu'à ce qu'il soit assassiné, en raison de soupçons sur sa loyauté. Mais, là encore, il pourrait s'agir d'un homonyme.

Le fils de Harald, Godfrid, a lui aussi tenté de s'emparer du pouvoir au Danemark. Faute d'y parvenir, il a mené plusieurs expéditions vikings, en Frise, dans la vallée de l'Escaut et celle de la Seine.

Sources

• Bauduin, Pierre. Harald Klak : un modèle d’intégration à l’épreuve ? In : Les élites aux frontières. Mobilité et hiérarchie dans le cadre de la mission. Journée d’études du 20 mai 2006, université de Paris-Est-Marne-la-Vallée. Publié en février 2008 sur le site du LAMOP.
• Coupland, Simon. From poachers to gamekeepers. Scandinavian warlords and Carolingian kings. Early Medieval Europe, 7-1 (March 1998). P. 89-93.
• Lund, Niels. Allies of God or Man ? The Viking Expansion in a European Perspective. Viator, 20 (1989). P. 47-50.