Mímir ou Mímr (« mémoire ») est un dieu ou un géant, incarnation de la sagesse.
Les poèmes eddiques mentionnent Mímir dans deux contextes différents.
Dans la Völuspá, il est d'abord évoqué en relation avec le puits de Mímir :
La strophe laisse à penser qu'Óðinn aurait laissé l'un de ses yeux en gage pour accéder à la sagesse et à la connaissance contenus dans le puits.
Dans la Gylfaginning (ch. 15), Snorri Sturluson indique que, sous celle des racines d'Yggdrasill qui se dirige vers les géants du givre, « il y a Mímisbrunnr, dans lequel sont dissimulées sagesse et connaissance, et le propriétaire de ce puits se nomme Mímir. Il est plein de sagesse, parce qu'il boit au puits avec la corne Gjallarhorn ».
Il est ensuite question de la tête de Mímr, au moment des Ragnarök :
La Gylfaginning, qui cite cette strophe, rapporte qu'« Óðinn chevauchera alors jusqu'à Mímisbrunn pour prendre conseil auprès de Mímir pour lui et pour les siens » (ch. 51).
La tête de Mímir apparaît aussi dans les Sigrdrífumál :
Suivent une série de strophes consacrées aux runes.
La tête tranchée de Mímir est évoquée plus en détail par Snorri dans l'Ynglinga saga (ch. 4). Au terme de la guerre des Vanes, les deux camps échangèrent des otages : Njörðr, Freyr et Kvasir partirent chez les Ases, tandis que Hœnir et Mímir, « le plus sage des hommes », allèrent chez les Vanes. « Quand Hœnir arriva au Vanaheimr, il fut aussitôt fait chef ; Mímir le conseillait en tout. Mais quand Hœnir siégeait au þing ou dans une réunion, et que Mímir n'était pas à ses côtés, et qu'une affaire difficile lui était soumise, il répondait toujours la même chose : "que d'autres décident", disait-il. Les Vanes soupçonnèrent alors que les Ases les avaient trompés dans l'échange des otages ; ils se saisirent alors de Mímir et le décapitèrent et envoyèrent sa tête aux Ases. Óðinn prit la tête et l'oignit d'herbes, afin qu'elle ne pourrisse pas, et incanta sur elle des formules magiques, et l'ensorcela de telle sorte qu'elle parlait avec lui et lui révélait de nombreux secrets ». Elle « lui rapportait de nombreuses nouvelles des autres mondes » (ch. 7).
Dans les þulur, Mímir apparaît, non parmi les Ases, mais parmi les géant.
L'existence du puits de Mímir, d'une part, de la tête de Mímr, d'autre part, avec une orthographe différente, a conduit Jan de Vries à suggérer l'existence de deux mythes distincts1. Jacqueline Simpson a, en revanche, défendu la thèse de l'unicité du mythe, en le rapprochant de découvertes archéologiques, de légendes ou du folklore du monde celte, dans lesquels sont associés un puits et une tête tranchée qui rend des oracles et est connectée à l'autre monde2.
1 Vries, Jan de. Altgermanische Religionsgeschichte. 3., unveränd. Aufl. Berlin : de Gruyter, 1970. Bd. I. P. 245-248.
2 Simpson, Jacqueline. Mímir : two myths or one? Saga-Book. XVI (1962-65), 41-53.