Odd et les géants de glace (2009) est un roman pour la jeunesse de Neil Gaman. Inspiré par la mythologie nordique, il met en scène dieux et géants.
Né en 1960, Neil Gaiman est un auteur anglais de nouvelles, romans et bande dessinées dans les domaines de la science-fiction et de la fantasy. Ses œuvres ont reçu de nombreuses récompenses, dont plusieurs prix Hugo et Nebula.
Odd and the Frost Giants est paru en 2008, et sa traduction française, œuvre de Valérie Le Plouhinec, l'année suivante, chez Albin Michel.
Comme dans American Gods (2001) et surtout Norse Mythology (2017), Gaiman puise son inspiration dans la mythologie nordique.
Odd est un jeune Scandinave de l'époque viking, vivant dans un village en bordure d'un fjord. C'est un garçon considéré comme étrange par les villageois – « odd » a ce sens en anglais contemporain, mais désigne la pointe d'une arme en vieux norrois. Peu chanceux, il a perdu son père lors d'une expédition viking, s'est estropié la jambe droite en abattant un arbre, et son beau-père ne lui accorde aucune attention.
Gaiman reprend ainsi le topos du jeune viking faible, inadapté à une société réputée fondée sur la force, à l'image des héros de Vic le Viking ou de Dragons.
Une année, durant un hiver qui n'en finit pas, Odd fuit le village. C'est alors qu'il fait la rencontre d'un renard, d'un aigle (borgne) et d'un ours, à qui il vient en aide. Il s'agit en réalité des dieux Loki, Odin et Thor.
Ces apparences trouvent leur explication dans les mythes : le renard est rusé comme Loki, et sa flamboyance rappelle que le dieu est parfois associé au feu ; l'aigle est la forme que prend Óðinn lorsqu'il est poursuivi par Suttungr après le vol de l'hydromel poétique ; l'ours est grand et fort comme Þórr.
C'est par la faute de Loki que les dieux se retrouvent dans cette situation. Loki est à l'origine de troubles pour les dieux dans plusieurs mythes, tels que celui de la construction d'Ásgarðr ou celui du vol des pommes d'Iðunn.
Séduit par une très belle femme aperçue au-delà de la muraille d'Asgard, il accède à sa requête de lui apporter Mjollnir, le marteau de Thor. Mais la demoiselle devient alors un mâle « grand comme une haute colline, avec des glaçons pendus à sa barbe », qui transforme les trois dieux en animaux et les chasse d'Asgard.
Ce géant de glace est le frère de celui qui construisit les murailles d'Asgard, et fut privé de sa récompense – Freya, le soleil et la lune – et finalement tué par les Ases à cause de Loki qui, transformé en jument, séduisit le cheval qui traînait les pierres pour lui, ainsi que le rapporte Snorri dans la Gylfaginning (ch. 42).
Les dieux vont avoir besoin de l'ingéniosité d'Odd – stimulée par l'eau du puits de Mimir – pour rétablir la situation.
Tout se termine par un banquet, au cours duquel « Loki […] demeura relativement plaisant jusqu'à ce qu'il fut soûl, puis, tel une chandelle qui s'éteint d'un coup, devint pénible et dit des méchancetés, des idioties impossibles à répéter, il jeta des regards concupiscents au déesse, et bientôt, Thor et [Tyr] le traînèrent hors de la salle ».
Il s'agit d'une référence à la Lokasenna, dans laquelle Loki s'en prend, tour à tour, à chaque dieu et déesse présents à un banquet dans la halle d'Ægir, avant d'être chassé par Þórr.
D'une même inspiration eddique proviennent les phrases « Le sage sait tenir sa langue. Seul l'idiot dit tout ce qu'il sait », adressées par Thor à Odd, qui font écho à certains préceptes des Hávamál.