Dragons (2010) est un film d'animation mettant en scène Harold, un jeune viking qui parvient à domestiquer l'un des dragons qui attaquent perpétuellement son village.

Dragons (How To Train Your Dragon) est un film d'animation américain sorti en 2010, réalisé par Dean DeBlois et Chris Sanders pour les studios DreamWorks.

Le village de Berk, situé sur une île très septentrionale, est régulièrement ravagé par des attaques de dragons. « Les gens normaux partiraient. Pas nous. On est des vikings. On est un peu buté sur les bords », indique le narrateur, Harold (Hiccup, dans la version originale).

Harold est le fils du chef Stoïk la Brute, dont le surnom résume bien la mentalité des habitants du village, des vikings caricaturaux, coiffés de l'inévitable casque à corne, et d'une témérité telle qu'ils sont capables de combattre des dragons à mains nues.

À l'image de Vic le Viking, Harold est différent. Trop faible, trop maladroit, il est tenu à l'écart. Lorsqu'il parvient finalement à capturer un dragon, il ne peut se résoudre à le tuer. Il parvient à l'apprivoiser, et va tenter de convaincre son village qu'humains et dragons peuvent cohabiter en paix.

Le motif du dragon domestiqué est ancien dans la littérature. Le prototype peut remonter au dragon érudit et pacifique imaginé par l'auteur écossais de livres pour enfants Kenneth Grahame dans The Reluctant Dragon (dans le recueil Dream Days, paru en 1898), qui finit par être accepté par la population d'un village de l'Oxfordshire1.

C'est aussi le motif de la série de livres pour enfants How to Train Your Dragon (2004-2015), de la romancière anglaise Cressida Cowell, dont le film est très librement inspirée. En plus de Dragons et de sa suite, la série a également inspiré plusieurs court métrage et une série d'animation.

Têtes dd dragons sur la pierre runique U 164Têtes de dragons sur la pierre runique U 164 (Täby, Suède).Les dragons de la littérature norroise ne se laissent pas domestiquer – tout au plus peut-on y trouver des lions apprivoisés (sur le modèle de l'Ívens saga). S'ils sont féroces, ils présentent une grande variété, à l'image des multiples espèces de dragons montrées dans le film.

En effet, quoi que Tolkien ait affirmé , que « dans la littérature nordique, il n'y a que deux [dragons] qui sont importants », Miðgarðsormr mis à part : Fáfnir et le meurtrier de Beowulf (Beowulf: The Monsters and the Critics, 1936), le dragon est une figure récurrente des sagas légéndaires et des sagas de chevaliers, principalement, et se présente sous bien des aspects, attestant souvent d'influences non-germaniques2.

Certains sont des hommes transformés en dragons (Valr et ses fils dans la Gull-Þóris saga, ch. 3) ; d'autres sont issus de la croissance de petits serpents (les yrmlingar de l'Yngvars saga víðförla, ch. 11).

Dragon et son meurtrier, manuscrit AM 133 fol.Dragon et son meurtrier dans le manuscrit islandais AM 133 fol. (1300).
Reykjavík, Stofnun Árna Magnússonar.
Ils crachent du venin (Fáfnir), et, plus tardivement, également du feu (Tristrams saga, ch. 35-36). Ils rampent (Fáfnir, dans les Fáfnismál en particulier3), puis marchent, volent (le flugdreki, pourvu de pattes griffues, apparaît dans la Þiðreks saga, ch. 105, et dans de multiples autres textes) ou même nagent (Sigrgarðs saga frœkna, ch. 13).

Ils vivent généralement dans une grotte (Fáfnir, encore), qui est parfois dissimulée derrière une chute d'eau (Gull-Þóris saga, ch. 4), ou bien sous un arbre, à l'image de Níðhöggr sous Yggdrasill, ou encore sur une île (Gesta Danorum, Livre II, ch. 1).

Quant à leur fonction dans le récit, ils sont les gardiens d'un trésor (Fáfnir constitue une nouvelle fois l'archétype, mais il s'agit d'une fonction traditionnelle du dragon, également présente dans Beowulf) ou les ravisseurs d'êtres humains (Þiðreks saga, ch. 417), ou, plus rarement, les gardiens du pont vers l'autre monde (Eireks saga víðförla, ch. 3).


1 Stein, Ruth M. The Changing Styles in Dragons—from Fáfnir to Smaug. Elementary English, 45-2 (February, 1968). P. 181.
2 Pour une taxonomie des dragons norrois, voir : Boberg, Inger M. Motif-index of early Icelandic literature. Copenhagen : Munksgaard, 1966. (Bibliotheca Arnamagnæana ; 27).
3 Dans la Völsunga saga (ch. 18), il est écrit que Sigurðr frappe le dragon sous l'épaule gauche, ce qui suppose l'existence de membres antérieurs.