Rindr (en latin Rinda) est la mère de Vali, fils d'Óðinn et vengeur de Baldr. Óðinn use de plusieurs stratagèmes pour s'approcher d'elle, avant de l’ensorceler et de la violer.
Si Rindr et Vali sont mentionnés dans les Baldrs draumar (str. 11), c'est dans la Gesta Danorum (Livre III, 4) que figure le récit détaillé de la façon dont Óðinn parvient à concevoir le fils qui vengera la mort de Baldr.
Saxo Grammaticus rapporte qu'après la mort de Balderus, Othinus apprit d'un devin qu'il engendrerait le vengeur de son fils avec la princesse ruthène Rinda.
Il se mit alors au service du roi, pour qui il remporta de grandes victoires. Mais lorsqu'il voulut embrasser Rinda, il fut giflé.
Il revint l'année suivante et s'établit auprès du roi comme forgeron. Il fabriqua de magnifiques bijoux, qu'il offrit à la princesse, mais ses avances furent une nouvelle fois repoussées.
De retour sous l'apparence d'un soldat, il s'illustra encore, mais fut de nouveau rejeté. Il toucha alors Rinda avec un morceau d'écorce sur lequel étaient gravées des formules magiques – sans doute des runes – et la princesse perdit la raison.
Il revint une dernière fois, déguisée en femme et se faisant passer pour médecin. Lorsque Rinda tomba malade, il prétendit lui donner un médicament si éprouvant qu'il était nécessaire de l'attacher. Une fois qu'elle fut entravée, Othinus la viola.
Saxo rapporte une version alternative, selon laquelle le roi aurait permis à Othinus de parvenir à ses fins, en récompense de ses services. Mais quand sa fille accoucha d'un garçon, nommé Bous, il fut emplit de honte et de remord. Quant à Othinus, il fut banni par les dieux suite à son comportement déshonorant et remplacé par Ollerus, avant d'être rappelé au bout de dix ans et de reprendre ses prérogatives.
Il est possible qu'à l'origine n'ait existé que trois visites d'Othinus : la troisième, où il apparaît en soldat, semble redondante, et il est illogique qu'Othinus reparte après avoir fait perdre la raison à Rinda1. Dans ce cas, il peut être relevé qu'Othinus apparaît sous des apparences qui peuvent être rattachées à chacune des trois fonctions duméziliennes, le soldat incarnant la deuxième fonction, le forgeron la troisième et le médecin la première. L'épisode pourrait être ainsi rapproché d'autres entreprises de séduction où les trois fonctions apparaissent (Óðinn et la fille de Billingr, Skírnir et Gerðr).
Qu'Óðinn ait séduit Rindr par la magie est confirmé par un passage de la Sigurðardrápa de Kormákr Ögmundarson (str. 3), dans laquelle le scalde mentionne qu'Yggr (Óðinn) a ensorcelé (« seiða ») Rindr. Rindr apparaît dans de nombreuses kenningar. Dans sa Sexstefja, Þjóðolfr Arnórsson désigne ainsi Jörð en la qualifiant de « rivale de Rindr » (« elja Rindar »).
Rindr est mentionnée une seconde fois dans la poésie eddique. Dans le Grógaldr (str. 6), parmi les incantations que chante Gróa pour son fils Svipdagr, il est question d'une incantation connue de Rindr. Le sens du vers est obscur, mais pourrait attester que Rindr était elle-même magicienne2.
Si Snorri compte Rindr parmi les déesses (Gylfaginning, ch. 36) et si elle apparaît dans une Þula de déesses, elle n'en est pas moins, vraisemblablement, une géante.