Une þula (pluriel þulur) est une liste versifiée de synonymes poétiques (heiti).

Þulur dans le Codex Regius de l'Edda de SnorriUne page du Codex Regius de l'Edda de Snorri (1300-1350) contenant des þulur.
Stofnun Árna Magnússonar, Reykjavík.
L'une des caractéristiques de la poésie scaldique est en effet le recours à des synonymes poétiques ou heiti

Il existe des þulur pour les différents noms fréquemment employés par les scaldes : þula des dieux ou des autres créatures mythologiques, des hommes et des femmes, de la bataille et des armes, de la terre et de la mer... Elles regroupent des noms courants, des noms anciens et rares, parfois des néologismes.

Les þulur se présentent en strophes, souvent rédigées en fornyrðislag, afin d'en faciliter la mémorisation et la transmission orale.

Skelkvingr fylvingr
flæmingr skerðingr
skotningr skilfingr
Skǫnungr rifjungr
brotningr hvítingr
Bæsingr Tyrfingr
hœkingr ok hringr.
Hittask mun nættingr.
– Strophe de la þula des épées1

Elles avaient vocation à servir d'aide aux scaldes, jouant un rôle comparable aux dictionnaires de rimes2.

Les þulur figurent notamment à la suite des Skáldskaparmal, attestant d'un renouveau de l'intérêt pour la poésie scaldique à partir de la fin du XIIe siècle. Mais les premières þulur pourraient dater du XIe ou de la fin du Xe siècle2. Plusieurs poèmes eddiques et sagas légendaires en contiennent. Ces listes s'inscrivent dans une longue tradition, non seulement scandinave, mais plus généralement germanique, comme l'atteste, par exemple, la liste des rois et de leurs peuples dans le poème anglo-saxon Widsith3.

 


1 Snorri Sturluson. Edda : Skáldskaparmál. Edited by Anthony Faulkes. London : Viking Society for Northern Research, University College London, 1998. Vol. 1, p. 120.

2 Turville-Petre, E.O.G. Scaldic poetry. Oxford : Clarendon Press, 1976. P. xli.

3 de Vries, Jan. Altnordische Literaturgeschichte. 3., unveränd. Aufl. Berlin : de Gruyter, 1999. Vol. 1, p. 18.