L'Ágrip af Nóregskonungasögum (« Résumé des histoires des rois de Norvège »), plus souvent appelé Ágrip, est une saga royale rédigée en Norvège vers 1190 par un auteur anonyme. Dans sa version initiale, elle devait retracer l'histoire des rois de Norvège depuis le règne de Hálfdan svarti jusqu'à l'accession au trône de Sverrir Sigurðarson. L'un des trois « synoptiques norvégiens », l'Ágrip est la plus ancienne histoire de Norvège rédigée en langue vernaculaire.

AM 325 II 4to AgripLe manuscrit AM 325 II 4to.
Den Arnamagnæanske Samling, Copenhague.
Le titre original, s'il en a jamais existé un, n'a pas été conservé, et l'Ágrip tire son nom de Finnur Magnússon qui, dans son édition de la saga parue en 1835, la nomme Stutt ágrip af Nóregskonungasögum (« Court résumé des histoires des rois de Norvège »). Il s'inspirait sans doute d'Árni Magnússon, qui avait pareillement décrit l'œuvre comme un Historia norvegicæ compendium.

L'Ágrip n'a été conservé que dans un unique manuscrit islandais (AM 325 II 4to), datant de la première moitié du XIIIe siècle et copié d'un manuscrit norvégien.

Le manuscrit, qui compte vingt-quatre feuillets, est très lacunaire. Le début comme la fin sont en particulier manquants. La saga commence avec l'accession au trône de Haraldr hárfagri et s'achève durant le règne de Sigurðr Jórsalafari. Elle devait toutefois, à l'origine, s'ouvrir avec Hálfdan svarti et se prolonger jusqu'à 1177, date de l'avènement de Sverrir Sigurðarson.

La saga a certainement été composée en Norvège, ce qu'attestent, outre certaines particularités linguistiques, l'accent mis, parfois de façon partiale, sur les succès remportés par les rois de Norvège. Son origine est sans doute à chercher plus précisément à Niðaróss (Trondheim), au regard des multiples références faites à cette ville et à sa région.

La date de composition est estimée aux alentours de 1190. Le terminus post quem dérive de la conviction que l'auteur a directement utilisé l’Historia de antiquitate regum Norwagiensium de Theodoricus monachus, écrite dans la période 1177-1187, dont certains passages apparaissent traduits dans l’Ágrip. Quant au terminus ante quem, certaines similarités relevées avec la traduction en vieux norrois de l’Óláfs saga Tryggvasonar d'Oddr Snorrason conduisent à le fixer vers 1200.

Outre l’Historia de antiquitate regum Norwagiensium, l’auteur de l’Ágrip connaissait peut-être aussi l’Historia Norwegiae, à moins que les ressemblances entre les deux œuvres ne s'expliquent par le recours à une source commune, qui pourrait être les ouvrages disparus des Islandais Sæmundr Sigfússon et Ari Þorgilsson. Divers autres textes, également disparus, ont pu également l'inspirer. Il a aussi pu faire usage de sources orales, dont la poésie scaldique (sept strophes ou fragments de strophes sont cités) ou les traditions locales.

L'Ágrip a, à son tour, servi de sources aux grandes sagas royales de la génération suivante : Fagrskinna, Heimskringla et Morkinskinna.

Traduction

  • Ágrip af Nóregskonungasögum : a twelfth-century synoptic history of the kings of Norway. Edited and translated with an introduction and notes by M.J. Driscoll. London : Viking Society for Northern Research, 1995.