Birger Magnusson ou Birger Jarl (vers 1210-1266) est un homme d'État suédois. Renforçant le pouvoir royal, il fonda une dynastie qui régna jusqu'en 1364.

Statue de Birger jarl par Bengt Erland FogelbergStatue de Birger jarl par Bengt Erland Fogelberg, sur Birger Jarls Torg, à Stockholm (Riddarholmen).
Bronze, 1854.
Né vers 1210, Birger est le fils de Magnus Minnesköld et d'Ingrid Ylva. Neveu des jarls Birger Brosa et Karl Döve, il appartient à l'une des plus puissantes familles de Suède, la maison de Bjälbo (Bjälboätten)1, du nom du domaine familial en Östergötland.

Vers 1235, il épousa en premières noces Ingeborg (morte en 1254), la fille du roi Erik Knutsson, devenant ainsi le beau-frère du roi Erik Eriksson, et s'alliant à la maison d'Erik, l'une des deux dynasties qui ont exercé le pouvoir en Suède à partit de 1130.

Nommé jarl en 1248, il parvint à faire élire son fils, Valdemar, comme successeur d'Erik, mort sans descendance en 1250, et devint régent du royaume. Il fonda ainsi une dynastie royale qui se maintint au pouvoir jusqu'en 13642.

De 1248 à sa mort, c'est lui qui exerça la réalité du pouvoir, un pouvoir qui ne fut plus contesté après les défaites des Folkungar3, coalition d'aristocrates hostiles au pouvoir central, lors des batailles de Sparrsätra (1247) et Herrevadsbro (1251).

Il fut d'autant moins contesté que Birger put compter sur le soutien de l'Église, en échange de son soutien à la réforme ecclésiastique voulue par la papauté (institution de chapitres cathédraux élisant les évêques, par exemple) et objet de la visite du cardinal Guillaume de Modène en 1248.

Il parvint ainsi à affirmer le pouvoir central (notamment dans le Svealand), au détriment des magnats et des assemblées provinciales, et à renforcer l'unité du royaume.

En témoigne notamment l'apparition, pour la première fois, d'une législation nationale. Qualifiée d'edsöre (« confirmée par serment », parce que le roi et les aristocrates juraient de préserver la paix du royaume), elle garantissait la protection des foyers, des femmes, des things, des églises.

Birger encouragea le développement des villes (en particulier de Stockholm, dont il passe pour être le fondateur) et du commerce, accordant des privilèges – par exemple, l'exemption des droits de douane – aux marchands des villes hanséatiques de Lübeck (vers 1250) et Hambourg (1251).

Birger consolida le pouvoir suédois dans le sud de la Finlande (province du Häme, ou Tavastie), où il mena, sans doute à partir de la fin des années 1230, une croisade contre les Tavastiens, qui permit l'implantation de colons suédois sur les côtes du golfe de Finlande, dans la région qui reçut le nom de Nyland (« Terre nouvelle »).

La poursuite de la croisade à l'est se solda en revanche par une défaite lors de la bataille de la Neva (1240)4, face au prince de Novgorod Alexandre Iaroslavitch, qui y a gagna le surnom de Nevski. En 1256, une tentative, menée conjointement avec l'Ordre teutonique, de prendre pied au sud du golfe de Finlande, à l'embouchure de la Narova, échoua également.

Birger entretint des relations pacifiques avec ses voisins scandinaves. Les liens furent renforcés par sa politique matrimoniale : sa fille, Rikissa, épousa le co-roi de Norvège Håkon le Jeune (1251), son fils, Valdemar, se maria avec  Sofia, la fille du défunt roi de Danemark Erik Plogpenning (1260), et lui-même s'unit, en secondes noces, à Mechtild, la veuve du frère et successeur d'Erik, Abel (1261).

Birger mourut en 1266.

« Birger Jarl mourut à Jälbolung.
À la fois jeunes et vieux regrettèrent
que sa vie n'eût pas été plus longue.5»
 

Il est enterré au monastère de Varnhem.


1 Plus tard connue sous le nom de maison des Folkungar (Folkungaätten).
2 Lorsque Valdemar fut déposé (1275), ce fut un autre fils de Birger, Magnus Ladulås, qui lui succéda.
3 Ces derniers étaient également réputés descendre du jarl Folke. Les historiens suédois utilisent l'expression äkta Folkungar (« vrais Folkungar ») pour distinguer cette acception de celle évoquée à la note 1, plus tardive.
4 Événement majeur dans la conscience nationale russe, mais tenu pour négligeable dans l'historiographie suédoise.
5 Erikskrönika : chronique d'Erik, première chronique rimée suédoise (première moitié du XIVe siècle). Introduction, traduction et commentaires de Corinne Péneau. Paris : Publications de la Sorbonne, 2005.