L'Eiríksmál est un poème scaldique anonyme. Selon la Fagrskinna (ch. 8), il fut composé à la demande de la reine Gunnhildr konungamóðir en l'honneur de son mari, Eiríkr blóðøx, mort en 954 à la bataille de Stainmore. Il évoque l'entrée du roi Eiríkr à la Valhöll.

Seul le début du poème a été conservé, soit neuf strophes ou demi-strophes, citées dans la Fagrskinna1.

L'Eiríksmál s'ouvre sur Óðinn racontant un rêve. Il a imaginé qu'il demandait aux einherjar et aux valkyries de préparer la Valhöll pour l'arrivée d'un roi. Bragi se demande quel est ce bruit qui résonne, comme si Baldr revenait à la halle. Mais c'est Eiríkr, et Óðinn demande à Sigmundr et Sinfjötli d'aller l'accueillir. Sigmundr demande à Óðinn pourquoi il n'a pas donné la victoire au roi, puisqu'il le tient pour un grand guerrier. Óðinn répond que le loup menace le domaine des dieux. Eiríkr arrive alors, suivi de cinq rois.

Ce poème est donc riche en contenu mythologique ou légendaire : évocation de la Valhöll, avec les einherjar et les valkyries, allusion à la mort de Baldr, présence de deux héros de la famille des Völsungar, référence aux Ragnarök.

L'Eiríksmál mêle traits eddiques et scaldiques. D'un côté, il est anonyme, composé en mètres eddiques (fornyrðislag et ljóðaháttr) et prend la forme d'un dialogue. De l'autre, c'est un poème de louange d'un roi de Norvège, conservé dans une saga royale2.

L'Eiríksmál vraisemblablement a servi de modèle au Hákonarmál d'Eyvindr skáldaspillir, qui décrit la réception du roi Hákon le Bon à la Valhöll. L'hypothèse inverse a également été avancée : l'auteur de l'Eiríksmál se serait inspiré du Hákonarmál, et le poème serait alors plus tardif : il aurait été composé pendant le règne des fils d'Eiríkr.

 


1 La première strophe figure aussi dans les Skáldskaparmál.
2 Whaley, Diana. Skaldic poetry. In : A companion to Old Norse-Icelandic literature and culture. Ed. by Rory McTurk. Malden, Mass. : Blackwell Publishing, 2005. P. 481.