Hultrasson ou Hultrasson le Viking (1964-1976) est une bande dessinée humoristique belge de Marcel Remacle et Marcel Denis se déroulant au temps des vikings.
La série voit le jour le 5 mars 1964 dans Spirou, créée par Marcel Remacle (l'auteur du Vieux Nick) et Marcel Denis pour le dessin, et Vicq pour le scénario.
Trois albums paraissent : Fais-moi peur Viking ! (1965), Hultrasson chez les Scots (1966) et Hultrasson perd le nord (1968), dont le scénario est signé Maurice Tillieux. Quelques années plus tard sort un ultime album, L'Eau de politesse (1974), scénarisé par Tilleux et dessiné par Vittorio Léonardo.
L'action se déroule au XIe siècle, « au temps où les fiers vikings, rois de la mer, faisaient trembler l'Occident. » Les personnages habitent « Kokmar, petit village niché au creux de son fjord ».
roi norvégien. Il déjoue les manœuvres de Sépadeffasson, « un véritable fléau !! Où son drakkar passe, les nénuphars ne poussent plus !!! », qui souhaite devenir roi à la place du roi, avec l'aide de son conseiller fourbe et rusé, Payasson. Apparaissent également la sorcière Jivatijivatipa, grande amatrice de « wiseki », et les frères Hamesson, des triplés aussi bêtes qu'ils sont forts et méchants.
Le héros éponyme, brasseur ou livreur de bière de son état, est un fidèle du roi Harald-les-beaux-cheveux, dont le nom rappelle celui duPrécédant de deux ans Astérix et les Normands, Hultrasson présente plusieurs traits communs avec la bande dessiné de Goscinny et Uderzo.
L'humour de l'un comme de l'autre repose notamment sur le recours aux jeux de mots (en particulier sur les noms des personnages, en -af chez Astérix, en -sson : Petipolisson, Kolimasson... ou en -[ar] : Traknahr, Kelpetahr, Traf Alghar… chez Hultrasson), aux anachronismes (musicaux, par exemple : tandis que les Normands d'Astérix chantent Ma Normandie, le scalde du roi Harald propose une adaptation norroise de la comptine J'ai bien mangé, j'ai bien bu), aux stéréotypes (ainsi, celui des vikings sans peur : tant les Normands d'Astérix que le roi Harald tentent vainement d'éprouver de la peur, les uns car elle donne des ailes, l'autre pour se débarrasser de son hoquet)...
Toutefois, si Sépadeffasson incarne le stéréotype du viking, partisan du «bon temps des rapines et des pillages » et des « expéditions guerrières » (L'Eau de politesse, p. 6), Hultrasson représente un viking atypique.
Ainsi, en expédition en Naurmandie, « Hultrasson, rompant avec les vieilles traditions, instaur[e] une paix durable avec les Naurmands rassurés et sign[e] un remarquable traité de commerce à la satisfaction de tous » (Hultrasson perd le nord, p. 35). Par la suite, « abandonnant ses grandes expéditions dévastatrices chez les voisins, le bon roi Harald, conseillé par Hultrasson, pratiqu[e] une politique agricole destinée à assurer à son peuple une vie paisible et des réserves substantielles de nourriture » (L'Eau de politesse, p. 1).
Cette présentation est en phase avec l'approche révisionniste du phénomène viking, initiée, en particulier, par Peter Sawyer dans les années 1960 (The Age of the Vikings, 1962), qui a notamment mis l'accent sur les activités pacifiques des vikings en tant que commerçants ou colons, et minimisé ou relativisé leur impact destructeur.