L'Énigme de Flatey est un roman policier de l'Islandais Viktor Arnar Ingólfsson. Paru en 2002, il retrace une enquête policière se déroulant sur l'île de Flatey dans les années 1960, et évoque une énigme (fictive) contenue dans la Flateyjarbók.
Viktor Arnar Ingólfsson est né à Akureyri en 1955. Il est ingénieur en génie civil de formation, et travaille au sein de l'administration des ponts et chaussées (Vegagerðin). Flateyjargáta, paru en 2002 chez Mál og menning (et traduit en français par Patrick Guelpa en 2013 pour les éditions du Seuil) est son quatrième roman. Il a été nommé pour le Prix Clé de verre en 2004.
L'Énigme de Flatey s'ouvre sur la découverte d'un cadavre sur l'îlot désert de Ketilsey, au large de Flatey, dans le Breiðafjörður (Nord-Ouest de l'Islande). Le jeune adjoint du préfet, Kjartan, est dépêché sur place pour récupérer le corps et mener les premières investigations.
L'enquête est le prétexte à une présentation presque ethnographique de Flatey dans les années 1960, à l'époque où l'auteur, dont les grands-parents vivaient sur l'île, venait y passer ses vacances. Il décrit ainsi une île petite communauté vivant en quasi-autarcie de la faune locale (puffins, phoques, morues...).
Mais Flatey est aussi l'île qui a donné son nom à la Flateyjarbók, peut-être le plus beau manuscrit que l'Islande médiévale ait produit. À l'époque où se déroule l'action, le manuscrit est encore à Copenhague1, mais les récits qu'il contient sont bien connus des habitants de l'île, dont la modeste bibliothèque possède un fac-similé, cadeau de l'éditeur danois Munksgaard à l'occasion du centenaire de l'établissement.
L'ouvrage en question existe bien2, et il est toujours conservé à la bibliotèque de Flatey. Relève en revanche de l'imagination de l'auteur l'« énigme de Flatey », l'« Aenigma Flateyensis » qui donne son titre au roman, et qui est la cause de la venue sur l'île du défunt, identifié comme le professeur Gaston Lund, de Copenhague, qui effectuait un voyage sur les traces du manuscrit.
Cette énigme est née à bord d'un navire reliant l'Islande à Copenhague. En 1871, peu après la parution de la première édition de la Flateyjarbók3, des étudiants islandais s'étaient distraits pendant la traversée en se posant des questions portant sur des épisodes contenus dans le manuscrit. L'un d'eux imagina une énigme consistant en trente-neuf questions. Chaque réponse devait fournir une lettre. Placées dans le bon ordre, les trente-neuf lettres forment une phrase complétant un poème. Plus tard, l'énigme fut envoyée sur Flatey, en même temps que le fac-similé.
L'énigme est présentée en parallèle du déroulement de l'enquête, puisque quarante chapitres s'achèvent sur une question, plus ou moins difficile, accompagnée de sa réponse et d'une explication, fournie par les sagas royales ou les þættir qui les accompagnent. Il faut ainsi deviner, par exemple, le prix de la hache du roi. La réponse est « sodomie », référence à un échange entre le scalde Sneglu-Halli et le roi Haraldr harðráði dans le Sneglu-Halla þáttr4.
L'Énigme de Flatey est donc particulièrement riche en références à la littérature islandaise médiévale, d'autant qu'il faut encore ajouter le supplice de l'aigle de sang subi par l'un des personnages5, ou encore une fraternité étudiante dont le rite d'initiaition est inspiré de la scène finale de la Jómsvíkinga saga.