La Corne de brume (1972) est une bande dessinée confrontant Chevalier Ardent, un jeune et fougueux chevalier créé par François Craenhals, à une prêtresse viking.
Chevalier Ardent a vu le jour en 1966 dans Le Journal de Tintin, œuvre du scénariste et dessinateur belge François Craenhals (1926-2004). Quatième histoire de la série, La Corne de brume est parue en album en 1972, chez Casterman.
Située dans un Moyen Âge mal défini, Chevalier Ardent met en scène les aventures d'un jeune chevalier au service du roi Arthus. Ardent est courageux, sinon téméraire, mais aussi fougueux et susceptible.
C'est ainsi que, dans La Corne de brume, il quitte son domaine ardennais, furieux, froissé par une décision du roi. Son errance le conduit au bord de la mer, où il porte secours à un « Northman » blessé, dérivant sur une épave.
Le viking se nomme Hödr. Fils d'un chef (d'un « einharjar » [sic]), il a été converti au christianisme par des missionnaires. Mais cette conversion entraîne l'hostilité de la prêtresse Elli, « gardienne des sanctuaires païens ».
Tandis que les missionnaires sont assassinés par Geirroed, un rival de Hödr, ce dernier est victime d'une malédiction. Au son de la corne de brume, il est pris de « berserks gang » (que l'auteur traduit par « crise de fureur », et qui décuple sa force), et doit se soumettre à la prêtresse.
Il décide alors de partir « i viking » (l'auteur traduit l'expression, dont la déclinaison correcte est « i vikingu », par « comme pirate »), mais est poursuivi par les « drakkars » de Geirroed et Elli, qui s'est « peint un côté de la face en noir afin de de se placer sous la protection de Hell, déesse des enfers ».
Avec l'aide de Volsungs, « barde, poète et philosophe » et Njal, deux compagnons de Hödr, Ardent parvient à libérer son nouvel ami, après avoir, notamment, tué Geirroed, qu'il affronte en duel, selon les lois vikings.
« Selon la coutume, [les vikings] psalmodient tous les exploits guerriers de leur seigneur afin que les walkyries, prévenues de sa valeur, entraînent son âme vers le Walhalla, son paradis païen. » « Peu après, selon leur rite, ils dressent un bûcher pour brûler le corps de Geirroed. »
Malgré quelques détails de son invention, l'auteur est bien documenté, ce qui se traduit, aussi bien sur le plan du dessin, que du scénario.
Concernant l'iconographie, la représentation du temple d'Elli montre ainsi deux divinités dont les sources d'inspiration sont aisément identifiables. La figure de gauche provient d'un pendentif en argent pouvant représenter une valkyrie, retrouvé à Sibble, dans le Södermanland (Historiska museet, Stockholm), celle au centre d'une statuette en bronze retrouvée à la ferme d'Eyrarland, dans l'Eyjafjörður (Þjóðminjasafn Íslands, Reykjavík), et souvent considérée comme représentant Þórr.
Quant au scénario, le duel reprend, par exemple, assez fidèlement les lois du duel (« hólmgöngulög ») décrites dans la Kormáks saga (ch. 10) : le terrain bien délimité, le manteau sous les pieds des combattants, les trois boucliers pour chacun, la possibilité d'abandonner le combat au premier sang versé sur le manteau. Que le combattant qui sortirait du champ du duel soit mis à mort est en revanche une invention de l'auteur pour dramatiser son récit.