Lóðurr est un dieu associé à Óðinn et Hœnir dans la triade de dieux à l'origine de la création de l'homme.

La Völuspá (str. 18) rapporte que les dieux donnèrent vie à Askr et Embla, le premier homme et la première femme. Óðinn leur donne le souffle (« önd »), Hœnir l'esprit (« óðr ») et Lóðurr la chaleur vitale1 et de bonnes couleurs. Dans l’Edda de Snorri (Gylfaginning, ch. 9), la triade de dieux à l'origine de la création de l'homme est composée des fils de Borr, c'est-à-dire Óðinn, Vili et Vé, le troisième conférant à l'être humain l'apparence, la parole, l'ouïe et la vue.

Óðinn, Lóðurr, Hœnir créent Ask et Embla, par Lorenz FrølichLorenz Frølich, Odin Lodur Hœner créent Ask et Embla.
Illustration de Den ældre Eddas gudesange, traduits par Karl Gjellerup (1895).
En dehors de la Völuspá, Lóðurr n'est mentionné que dans la kenning qui désigne Óðinn comme l'« ami de Lóðurr » (« Lóðurs vinr »), qui est utilisée dans deux poèmes scaldiques (le Háleygjatal d'Eyvindr skáldaspillir et l’Íslendingadrápa de Haukr Valdísarson).

Certains chercheurs ont aussi interprété le mot logaþore, qui figure sur la fibule de Nordendorf au côté des noms de Wodan (Óðinn) et Wigiþonar (Þórr), comme équivalent de Lóðurr.

L'énigmatique Lóðurr a été assimilié à d'autres dieux, Loki, principalement, mais aussi Freyr.

Lóðurr est parfois considéré comme l'équivalent de Loki. Au-delà de la ressemblance des noms (Loki pourrait être un diminutif de Lóðurr), Óðinn et Hœnir sont souvent associés à Loki, ainsi dans le mythe de l'enlèvement d'Iðunn, tel que rapporté par la Haustlöng et les Skáldskaparmál, dans celui de l'or maudit, à l'origine du cycle de Sigurðr (Reginsmál, Völsunga saga), et dans d'autres textes plus tardifs (la ballade féroïenne connue sous le nom de Loka Táttur). La kenning « ami de Lóðurr » a été rapprochée d’« ami de Loptr (i.e. Loki) » (« Lopts vinr »), kenning qui désigne également Óðinn dans la Vellekla d'Einarr skálaglamm.

L'étymologie a quant à elle été sollicitée pour voir en Lóðurr l'équivalent de Freyr ou du moins d'un dieu de la fécondité et de la fertilité. Son nom a été rapproché notamment du gotique « liudan », « croître », que l'on retrouve dans *Lóðkona, déesse de la fertilité dont l'existence se déduirait du nom de la ville de Locknevi, dans le län de Kalmar. *Lóðkona aurait pour équivalent masculin *Lóðverr, dont dériverait Lóðurr.

Aucune de ces deux équivalences n'est toutefois satisfaisante.


1 L'une des traductions proposées pour le mot « lá », qui est un hapax. « Sang » est également une possibilité.