Ullr est un dieu, fils de Sif et beau-fils de Þórr. Il est associé aux skis, à l'arc et à la chasse. Dieu peut-être très ancien, son rôle demeure obscur.

Manuscrit-SAM-66-UllrUllr représenté avec son arc et ses skis dans le manuscrit islandais SÁM 66 (1765-1766).
Stofnun Árna Magnússonar, Reykjavík.
Snorri présente le dieu de la façon suivante dans la Gylfaginning (ch. 31) : « Il en est un qui se nomme Ullr, fils de Sif, beau-fils de Þórr. Il est si bon archer et si bon skieur que nul ne peut rivaliser avec lui. Il est de belle apparence et a les qualités d'un guerrier. Il est bon de faire appel à lui en combat singulier. »

Dans les Skáldskaparmál (ch. 14), il indique qu'Ullr peut être appelé « fils de Sif », « beau-fils de Þórr » (symétriquement Þórr peut être qualifié de « beau-père d'Ullr », ainsi dans la Haustlöng de Þjóðólfr ór Hvini, str. 15), « dieu du ski », « dieu de l'arc », « dieu chasseur », « dieu du bouclier ».

Son nom est utilisé par les scaldes, notamment pour former des kenningar désignant un guerrier (« Ullr de la bataille », par exemple). Une kenning en particulier retient l'attention : le bouclier peut être nommé « navire d'Ullr », ce qui peut laisser supposer qu'il était capable de se déplacer en mer sur un bouclier. Cette kenning a suggéré un rapprochement avec la figure de Skjölðr/Scyld, dont le nom signifie bouclier.

Qu'Ullr soit le « dieu du bouclier » rappelle un détail mentionné par Saxo Grammaticus à propos d'Ollerus, forme latine d'Ullr. Dans la Gesta Danorum (III, 81), Ollerus remplaça Othinus (Óðinn) lorsque les dieux bannirent celui-ci après le viol de Rinda. Mais, au bout de dix ans, ils rappelèrent Othinus, et Ollerus dut à son tour partir en exil en Suède, où il fut tué par des Danois. Saxo indique à cette occasion que, grâce à sa magie, Ollerus pouvait voyager en mer sur un os.

Quelques indications éparses figurent encore sur son compte dans les poèmes eddiques. Dans l'Atlakviða (str. 30), il est question d'un serment prêté sur l'anneau d'Ullr. Dans les Grimnismál (str. 42), alors qu'Óðinn est soumis à la torture, la « faveur d'Ullr et des autres dieux » est promise à celui qui viendra le délivrer. Le même poème (str. 5) lui attribue Ýdalir (« Vallons des ifs », un bois utilisé pour les arcs) comme demeure.

Une dernière source concernant Ullr est la toponymie : elle révèle qu'un grand nombre de lieux ont été nommés d'après le dieu (ou d'après une variante de son nom : *Ullinn), particulièrement en Suède centrale et orientale et dans le Sud-Est et l'Est de la Norvège. Son nom est parfois associés à des noms en lien avec le religion (, hof). La toponymie attesterait ainsi de l'étendue et de l'importance de son culte à une période antérieure aux sources écrites.

De ces sources limitées et disparates, des conceptions très variées d'Ullr ont été présentées.

Rival et remplaçant d'Óðinn chez Saxo, il a été associé à la souveraineté et, du fait de la référence au serment sur son anneau, à la dimension juridique de celle-ci. Son nom, rapproché du gotique wulþus, « splendeur », et de l'anglo-saxon wuldor, « gloire », pourrait permettre d'en faire un dieu céleste, plus précisément du ciel hivernal. Pour ces différentes raisons, il a été rapproché de Týr (dont le culte, à l'inverse de celui d'Ullr, apparaît peu répandu au Nord du Danemark). Comme lui, il pourrait s'agir d'un ancien dieu supplanté par Óðinn.

Mais d'autres éléments le rapprochent d'une divinité de la fertilité : son association éventuelle, via le bouclier, à Skjölðr/Scyld, les attributs qu'il partage avec Skaði, l'épouse du dieu Vane Njörðr (l'arc, la chasse, les skis), la toponymie : les noms de lieux formés sur Ullr sont souvent associés à des noms de lieux construits à partir des noms de Njörðr (en Suède) ou Freyr (en Norvège) et certains comportent des éléments en rapport avec la fertilité (par exemple Ulleråker, « champ d'Ullr »). Il pourrait ainsi représenter la dimension hivernale du cycle de la nature.