Eirik Blodøks (« à la hache sanglante ») (vers 895-954) fut roi de Norvège (vers 930-935), puis le dernier roi viking de Jorvik (York) (peut-être en 948 et de 952 à 954).

Eirik est l'un des nombreux fils de Harald Hårfagre. Fils d'une princesse danoise, c'est lui qui fut désigné comme héritier de son père, qui l'associa au trône de son vivant, vers 930.

Mais Harald avait aussi placé ses autres fils à la tête de petits royaumes. Cette situation généra des conflits. Eirik parvint à vaincre et tuer plusieurs de ses frères, ce qui lui valut probablement son surnom de blóðøx : « à la hache sanglante ».

Impopulaire, il dut cependant fuir la Norvège (pour l'Angleterre, le Danemark ou les Orcades) vers 935, au retour de son demi-frère Håkon Adalsteinsfostre.

Son règne a été bref : cinq ans environ, dont deux ou trois après la mort de son père.

Penny d'Eirik Blodøks (York)Pièce en argent frappée à York pendant le règne d'Eirik.
British Museum, Londres (© Trustees of the British Museum).
La plupart des sources scandinaves (à l'exception de Theodoricus monachus, 2) rapportent qu'après avoir accepté d'être baptisé, il aurait été placé à la tête de la Northumbrie par le roi d'Angleterre. De fait, selon la Chronique anglo-saxonne, il régnait à York en 948, mais en fut chassé par le roi Eadred. Il serait revenu en 952, pour être finalement vaincu en 954.

L'identification entre le roi qui régna à York et Eirik Blodøks a cependant été mise en doute par Clare Downham, qui a suggéré que le roi de Northumbrie pourrait être un homonyme appartenait à la dynastie hiberno-scandinave des Uí Ímair1.

Les sagas royales divergent quant aux circonstances de la mort d'Eirik. Selon certaines (Historia Norwegiae, 12 ; Ágrip, 7), il serait tombé lors d'une exépdition viking en Espagne ; d'autres le font mourir en Angleterre, durant une bataille face à un roi nommé Olav, qui était au service du roi Edmond (Fagrskinna, 8 ; Hákonar saga góða, 4).

Le chroniqueur anglais Roger de Wendover indique, dans ses Flores Historiarum, qu'il aurait péri dans un lieu isolé nommé Stainmore (Westmorland). La référence à l'Espagne pourrait ainsi provenir d'une confusion entre Stanmore et Spanialand2.

Le poème scaldique Eiríksmál a été composé en son honneur. Il décrit l'entrée d'Eirik à la Valhöll après sa mort au cours d'une bataille, où il tomba en même temps que cinq rois.

Ses fils et sa femme, Gunhild,engagèrent la lutte en Norvège contre Håkon. Avec l'aide du roi de Danemark Harald Blåtand, peut-être le frère de Gunhild, Håkon fut vaincu en 961, et les fils d'Eirik, dont Harald Gråfell, lui succédèrent un temps.

Qu'il s'agisse de son règne en Norvège ou à York, peu d'informations fiables sont disponibles sur le compte d'Eirik. Les sources contemporaines (poèmes scaldiques, chroniques anglo-saxonnes) fournissent peu de renseignements. Quant aux sagas (ainsi, l'Egils saga), elles ont non seulement été rédigées longtemps après les événements qu'elles relatent, mais elles sont, de plus, hostiles à Eirik, décrit comme tyrannique, et davantage encore à sa femme, Gunhild, présentée comme une sorcière.


1 Downham, Clare. Eric Bloodaxe – Axed ? The Mystery of the Last Scandinavian King of York. Mediaeval Scandinavia, 14 (2004). P. 51-77.
2 Finnur Jónsson. Den oldnorske og oldislandske litteraturs historie. Vol. II. København : G. E. C. Gad, 1923. P. 614, n. 2.